En réponse à l’urgence alimentaire révélée par les interminables files d’attente devant les distributions de denrées de première nécessité, le Grand Conseil a voté un crédit (PL 12725) de 5 millions pour la banque alimentaire « Partage ». Si ce crédit permet de répondre à l’urgence, le groupe EàG estime que ce n’est pas une réponse suffisante et cohérente aux besoins des plus démuni·e·s de ce canton qui ont avant tout besoin de se voir assuré un revenu, de leur travail ou à défaut par une allocation de compensation. Enfin, les « emplois de solidarité » à « Partage » devraient être requalifiés en postes de travail ordinaires.

L’unanimité s’est rapidement faite sur la nécessité de répondre à l’un des besoins les plus immédiats, celui de l’alimentation pour les plus « nécessiteux ». C’est dire si l’indignité des files d’attente de milliers de personnes en quête de distribution alimentaire a frappé les esprits. Si ces files d’attentes de plusieurs heures ont pu surprendre compte tenu de leur ampleur, elles n’auraient pas vraiment dû étonner les responsables politiques. En effet, depuis trop longtemps les acteurs·trices de terrain alarmaient celles-ci sur l’augmentation de la pauvreté et de la précarité, sur l’explosion des épiceries sociales, sur l’accroissement inquiétant de l’exclusion sociale et sur le creusement des inégalités.

Pour de nouveaux dispositifs sociaux respectant mieux les droits des gens
La crise du Covid-19 a décuplé la gravité de cette situation, et nous confronte à de nombreux défis. Celui de répondre dans l’urgence aux besoins les plus immédiats de certains groupes de population, mais aussi à la nécessité de faire face à la deuxième vague, non pas de retour du virus, mais de la crise sociale et économique à laquelle il a contribué massivement.

Ainsi, après avoir voté ce crédit de 5 millions pour assurer des distributions alimentaires pendant les prochains mois, il incombe maintenant aux autorités de prendre un peu de hauteur face à l’urgence et de prévoir une réponse de fond plus adéquate. Il lui faudra mettre en place des dispositifs plus respectueux des personnes, qui soient mieux à même de leur fournir les moyens de pouvoir subvenir par eux-mêmes à leurs besoins sans avoir à faire la queue pour obtenir de quoi survivre.

Cela implique de mettre en place des plans de créations d’emplois, à défaut des dispositifs de prestations compensatoires et un système de sécurité sociale mieux adapté aux nouveaux besoins de la population.

Soyons cohérents : il faut revaloriser les EDS à « Partage » !
Enfin, l’octroi à la fondation « Partage » d’un crédit de 5 millions la conforte dans sa fonction de banque alimentaire du canton. A ce titre, il n’est pas inutile de mettre en lumière la question particulière de l’emploi en son sein. Notamment sous l’angle de la revalorisation des emplois de solidarité (EdS), qui constituent la majorité des postes de travail de cette fondation. Car si «  Partage » constitue le pivot central de la distribution de denrées de première nécessité alors ses employé·e·s devraient être reconnus à leur juste valeur. C’est le moins que nous leur devons, c’est une question d’honnêteté et de cohérence. Le groupe EäG a donc non seulement voté le crédit de 5 millions, mais il a demandé également que cette question de la revalorisation des postes EdS de la Fondation » Partage » soit remise à l’ordre du jour.

Jocelyne Haller