Depuis plusieurs années, l’Office des bâtiments (OBA) a opté pour la sous-traitance du nettoyage des bâtiments publics à des entreprises privées. « Alors que les nettoyeurs·euses parvenaient à s’en sortir avec les salaires modestes versés par l’Etat, la sous-traitance les plonge dans la précarité, avec des salaires généralement fixés entre 19.60 et 20.60 francs de l’heure », dénonce Jean Batou, député Ensemble à Gauche (EàG). « Au final l’Etat doit intervenir, via les prestations sociales, pour remédier à la faiblesse de leurs revenus… », ajoute Jocelyne Haller, députée EàG et candidate au Conseil d’Etat. EàG a déposé une résolution afin de mettre un terme à cette pratique inhumaine et absurde avec le soutien du PS et des Verts.

Quand l’Etat encourage le dumping salarial
La concession de ces mandats de nettoyage à des entreprises privées pour une période déterminée, puis leur re-soumission périodique, est en effet la cause d’une sous-enchère salariale quasi institutionnalisée, ceci dans un domaine où les avantages compétitifs découlent essentiellement de la compression des charges de personnel. « En s’efforçant de susciter des offres toujours plus « avantageuses », l’État exerce de facto une pression à la baisse des salaires et à la dégradation des conditions de travail dans l’un des secteurs d’activité les plus précarisés de notre canton, parfois au détriment de travailleurs·euses âgé·e·s », s’indigne Jocelyne Haller. « C’est inadmissible ! L’Etat doit cesser d’alimenter le dumping salarial ! »

Des travailleurs·euses précarisé·e·s pour de fausses économies
Lorsqu’une entreprise licencie en raison de la perte d’un mandat de l’État, il est difficile pour ses employé·e·s licencié·e·s de retrouver une embauche à des conditions équivalentes. Ils doivent généralement se résigner à des salaires horaires à la baisse, le nouvel employeur ne tenant le plus souvent pas compte de leur ancienneté. « En faisant abstraction des difficultés endurées par les travailleurs·euses et leurs familles, l’Etat finit donc par sortir d’une poche, en prestations sociales, ce qu’il a voulu économiser de l’autre, par la sous-traitance de certains services », analyse Jean Batou. « Ceci sans compter que les élèves et les enseignant·e·s de nos écoles, mais aussi les autres usagers·ères des bâtiments publics, doivent se contenter de locaux moins bien entretenus, tant il est vrai que la compression des salaires, la dégradation des conditions de travail et la révision à la baisse des cahiers des charges finissent par déboucher sur une baisse de la qualité des services. » Cette situation ne peut plus durer !

En finir avec une pratique scandaleuse
Le 8 février 2015, l’émission de la RTS Mise au point, traitant des travailleurs·euses pauvres, évoquait le sort de nettoyeurs·euses du cycle d’orientation, dont les salaires étaient passés de 3800-4000.- francs brut par mois à 3100-3300.-, ce qui risquait de les conduire à l’aide sociale. « Malgré l’indignation suscitée par l’émission, ces pratiques perdurent », déplore Jocelyne Haller. « Tout récemment, des nettoyeurs·euses du Cycle d’Orientation de l’Aubépine et de l’École de culture générale Mme de Staël ont reçu des avis de licenciement pour la fin 2017, après plusieurs années de travail dans les mêmes établissements, parce que des entreprises concurrentes ont remporté la nouvelle soumission de l’OBA. » Afin de mettre fin à cette pratique, EàG a déposé une résolution, avec le soutien du PS et des Verts, réclamant que l’Etat engage directement son personnel de nettoyage.