A la demande du comité de soutien des travailleurs-euse-s en lutte de Smood, Ensemble à Gauche a déposé une motion au Grand Conseil. Ce texte demandait au Conseil d’Etat de condamner la Convention collective de travail (CCT) signée avec Syndicom qui consacre la précarité des conditions de travail et qui s’est appuyée sur une procédure méprisante et inadmissible. Le Grand Conseil a montré son soutien en votant l’ajout et l’urgence sur ce point. Malheureusement, alors qu’il restait 20 minutes de débat possibles, la présidence du Grand Conseil a décidé de ne pas aborder ce point et de clore la séance. Ce mépris des salarié·e·s en lutte et de la volonté d’une majorité parlementaire, a empêché le Grand Conseil de confirmer son souhait que les recommandations de la CRCT soient appliquées.

Pour rappel, le 19 mai dernier, le comité de soutien aux grévistes SMOOD apprenait la conclusion d’une CCT entre Syndicom et SMOOD. Ce texte valide les conditions de travail inacceptables de SMOOD et cherche à empêcher les futures contestations. Pire, l’ensemble du processus s’est déroulé au mépris des principaux-ales concerné·e·s : les salarié·e·s et les autres syndicats défendant les travailleurs·euses de SMOOD et de ses sous-traitants..

Une CCT alibi négociée au mépris des salarié·e·s

 La CCT entre Smood et Syndicom a été négociée dans le dos du personnel. Les salarié·e·s qui ont mené la lutte initiale par un mouvement de grève et leur syndicat (Unia) ont été exclus de cette proposition. De plus, cette CCT est un leurre car elle ne concerne qu’une minorité des livreurs·euses qui travaillent effectivement pour SMOOD.

En effet, cette CCT ne concerne pas les salarié·e·s de Simple Pay SA, entreprise de sous-traitance de SMOOD qui gère l’immense majorité des contrats des livreurs·euses. Finalement, le processus de « consultation » des salarié·e·s est tout simplement inacceptable : 24 à 48 heures de délais, aucune garantie de l’anonymat, pas d’accès au texte complet, pas de possibilité d’en discuter collectivement,  etc.

Une CCT bien en deçà des recommandations de la CRCT :

Malgré les promesses de Migros-Genève et de SMOOD, les dispositions de la CCT sont bien en dessous des recommandations de la CRCT :

Un minimum garanti de 17 heures de travail hebdomadaires. La CCT ne prévoit que 4 heures.

Le paiement de l’intégralité des heures de travail sans distinction entre le temps d’attente et le temps de livraison. Il n’y aucune indication explicite à ce sujet dans la CCT.

De plus, cette CCT ne règle pas la situation de la majorité des livreurs·euses puisqu’il n’y a toujours pas de solution pour les livreurs·euses engagé·e·s par Simple Pay. Il est également spécifié que seuls les salarié·e·s affiliés au syndicat ayant conclu la CCT seront rétribués selon les normes de la CCT. Ceci est contraire à la liberté syndicale et va créer des salarié·e·s de seconde zone.

Loin d’améliorer la situation, cette CCT et les pratiques de SMOOD continuent de soutenir un modèle économique basé sur l’exploitation et la précarisation des salarié·e·s.

Malgré ce coup de force anti-démocratique, nous continuerons de soutenir les livreurs·euses en lutte et de dénoncer ces entreprises prédatrices.

Pablo Cruchon