Ensemble à Gauche déplore que le Conseil d’Etat – dont une majorité des membres appartiennent à des partis qui avait annoncé soutenir l’IN 181-B, dite « 1000 emplois » : Pour la création d’emplois sociaux et écologiques et la réduction de la durée du travail, et ont récolté des signatures en sa faveur – appelle le Grand conseil à refuser l’IN 181.  Tout aussi décevantes les esquives les groupes Vert et socialiste qui plutôt que de soutenir le texte ont pris la parole pour le mettre en défaut, et de finir par se dédouaner en le qualifiant de : « mauvaise réponse à une bonne question ». Au final le texte n’a été soutenu que par 27 voix, alors que l’alternative (PS, Verts, EàG) à elle seule en totalise 39. Le reste des voix s’est décliné en 56 voix contre et 11 abstentions. Courage…Fuyons !

Nous dénonçons également le « bottage » en touche du Conseil d’Etat qui consiste dans un premier temps à se déclarer disposé à moderniser la loi cantonale en matière de chômage. Puis dans un 2ème temps à développer à terme la formation.  En soi 2 bonnes nouvelles, deux nécessités évidentes mais dont la réalisation ne répond pas aux objectifs de l’IN 181 qui prétend faire face à bien d’autres impératifs.

Il est navrant de constater comment pour dénigrer l’initiative on utilise l’argument que la création d’emploi ne suffit pas à elle seule pour réduire le chômage. C’en est devenu un leitmotiv. Comme si l’Initiative avait affirmé que cela pouvait suffire, comme si l’IN ne défendait pas elle-même le développement de la formation, non seulement pour répondre aux exigences de la transformation des métiers et de l’évolutions des besoins en matière de transition énergétique, de besoins sociaux et de soins à la personne, mais aussi pour ce qui concerne une meilleure adaptation de l’offre et de la demande d’emploi.

Cette initiative permet de sortir de la résignation face à un taux de chômage parmi les plus élevé de Suisse, et en cela un taux de chômage qui occulte encore et toujours une grande partie du chômage et du sous-emploi. L’initiative nous donne l’occasion d’agir sur le chômage structurel en prenant mieux en considération non seulement l’évolution du marché du travail et des besoins de la population sur le plan de la transition énergétique et de la demande croissante en soins et prestations à la personne, mais qui avance aussi l’idée de favoriser un meilleur partage du temps de travail par la réduction de l’horaire hebdomadaire à 32 heure sans réduction de salaire.

Accepter l’IN 181, c’est prendre en considération la nécessité de changer de cap face aux crises économique, sociale, climatique et sanitaire auxquelles nous sommes régulièrement confronté.es. L’initiative en proposant des postes de travail stables constitue de surcroît un rempart contre la flexibilisation et la précarisation de l’emploi. Elle donne la possibilité en outre non seulement de mettre à l’ordre du jour une accélération de la transition vers une société durable et des modes de production et de consommation plus respectueux du climat, mais elle présente surtout les moyens de réaliser ces objectifs.

L’initiative avance aussi les moyens de faire face aux défis de l’évolution démographique de notre canton, au vieillissement de la population et à l’évolution des besoins sociaux de cette dernière.

En demandant la création de d’emploi écologique et sociaux, à raison de 1000 emplois par an lorsque le taux de chômage atteint 5 % et en offrant l’opportunité d’adapter le nombre de ces postes au prorata de la baisse du taux de chômage, l’initiative favorisera nombre de reconversions professionnelles, mais aussi l’apparition de nouveaux métiers. Elle contribuera enfin notablement à la professionnalisation des métiers du CARE, ce secteur d’activité qui s’est développé sans état d’âme sur le dos des proches aidant.es, et cela particulièrement au détriment des femmes qui y ont sacrifié une partie de leur vie professionnelle, au prix – soit dit en passant – de leur prévoyance sociale au moment de la retraite.

Aujourd’hui, il faut changer de CAP, il faut aborder avec détermination et courage les défis énergétique et sociétal auxquels nous sommes confronté.es. L’Etat doit donner une impulsion forte. Il doit ouvrir la voie à cette transformation significative du marché de l’emploi dans notre canton. Il doit donner l’exemple. Il a en cela une responsabilité majeure.

En l’occurrence, Le Grand conseil et le Conseil d’Etat ont raté cette magistrale opportunité de changer de paradigme en matière de gestion du chômage et de création d’emplois. Ils n’ont pas voulu de l’Initiative 1000 emplois sous le prétexte de son coût potentiel, mais surtout, la droite a fait lourdement peser son refus d’augmenter le nombre d’emplois dans la Fonction publique. Il.elles ont argué avec ferveur que c’est au secteur privé de créer des emplois ! Le refus de l’Initiative 1000 emplois ou d’un éventuel contre-projet est une erreur majeure, une faute en matière de politique publique. C’est avant tout une capitulation devant les intérêts privés. Dont’act ! Avec les milieux qui se préoccupent réellement des intérêts des travailleur.euses et des demandeur.euses d’emplois nous reviendrons à la charge avec de nouvelles propositions car la problématique du non emploi et du sous-emplois demeure lancinante.

Jocelyn Haller