Depuis que l’urgence climatique a été votée à une large majorité par le parlement, chaque fois que l’on aborde des mesures concrètes, rien n’est finalement voté. Il en est de même pour l’initiative qui réclame de telles mesures immédiates et concrètes. En effet, cette initiative propose des mesures tangibles qui permettront d’agir pour accompagner dans la réalité la transition écologique et lutter contre la dégradation du climat.
Rappelons que le plan climat proposé et soutenu par le Conseil d’Etat vise une réduction de 40% des voitures dans le canton, et donc en ville et dans les agglomérations du canton. Cette mesure s’appuie intelligemment sur le constat qu’on fait les autorités, à savoir que presque 50% de la population habitant la ville de Genève a abandonné la voiture. A Zurich, c’est pratiquement 60% de la population urbaine. Tout cela est possible, car des transports publics efficaces ont été mis en place et sont à la disposition de celle est ceux qui ont compris la flexibilité que permettait la diversité des moyens de transport collectifs. Le succès du Léman Express en fait foi notamment.
Par ailleurs des mesures ont été prises pour ne plus permettre de disposer de parkings publics en ville lorsqu’on habite dans le canton de Vaud ou en France voisine et qu’on réside près d’une gare.
Le résultat de cette nouvelle politique de la mobilité induit que certains parkings en arbi au centre-ville sont quasiment vides et peinent à trouver des personnes qui les utilisent. En périphérie et depuis plusieurs années, énormément de places de parking en abri sont vides.
L’initiative « climat urbain » doit être soutenue
L’initiative « climat urbain » tombe à point nommé, car elle forcera à augmenter le prix des macarons pour libérer le domaine public et inviter les habitantes et les habitants de la ville et des agglomérations du canton à garer leur voiture dans des parkings en abri. En effet des places de parking à 150 francs par mois existent et sont vides et proches des habitations des résidents qui n’ont pas de parking à disposition dans leur immeuble et qui tournent dans leur quartier pour trouver les places de parking en surface auxquelles leur macaron leur donne droit.
L’initiative propose des solutions concrètes sur trois thématiques qui sont prioritaires : tout d’abord la question des îlots de chaleur et de la lutte contre ceux-ci en milieu urbain. Ensuite c’est une question de climat urbain et de santé publique, de la qualité de vie, du partage des voiries et de l’espace public. Cela permet d’inviter davantage les habitants du quartier en leur donnant envie d’y rester et d’y pratiquer leurs loisirs. De plus cela peut aussi favoriser le déploiement d’activités, y compris commerciales. Enfin, comme nous l’avons décrit plus haut, la nouvelle politique des transports sera renforcée ; remplacer des places de parking par des arbres ou des couloirs de bus peut contribuer à favoriser le report modal.
La dégradation accélérée du climat nous impose de penser différemment, de dépasser les clivages et d’agir vite. Cette initiative permet de répondre aux trois enjeux évoqués précédemment. Les mesures proposées pourraient changer la donne et créer un électrochoc qui transfigurerai les espaces publics de la ville. Le Conseil d’Etat a relevé dans son rapport que des initiatives de ce genre avaient été prises dans d’autres villes, comme Zurich et Winterthour.
Un pour cent de la voirie durant dix ans
Prendre 1% de voirie pendant 10 ans est certes assez radical, mais il y a une nécessité qui s’impose à l’humanité tout entière. Pourtant au vote final l’initiative a été refusée et renvoyée en commission pour lui opposer un contre-projet. Ce texte donne de réelles perspectives pour lutter efficacement contre la dégradation du climat et les îlots de chaleur dans les agglomérations et sur le territoire cantonal. Il ne fait aucun doute que durant une année la majorité de droite élaborera un contre-projet des plus tiède et ainsi videra de sa substance cette initiative.
Rémy Pagani