Le Grand Conseil a soutenu et renvoyé au Conseil d’Etat, une pétition lancée par le Cartel intersyndical en 2017. Elle s’oppose notamment à l’élévation de l’âge pivot pour les femmes, au sein de la CPEG, qui est passé de 64 ans à 65 ans en 2018. Une bataille essentielle pour les assurées de la CPEG, alors que le deuxième pilier renforce les inégalités entre femmes et hommes.

Le texte réclamait avant tout une recapitalisation de la CPEG « en lui transférant notamment des terrains constructibles et des immeubles pour un montant significatif ». Cette invite a depuis été réalisée, malgré le Conseil d’Etat et la droite, et grâce à la majorité des votant-e-s qui se sont prononcé-e-s, en 2019, pour la recapitalisation défendue par EàG, le PS, les syndicats et le MCG.

La deuxième invite en revanche reste d’actualité. En 2018, la CPEG a élevé l’âge pivot pour les femmes de 64 ans à 65 ans. Pourtant, l’âge légal de la retraite des femmes est de 64 ans en Suisse. La « mesure structurelle » prise par la caisse faisait ainsi payer aux femmes l’absence d’une recapitalisation, alors que l’Etat a choisi de fermer les yeux sur ces problèmes durant de longues années.

Selon les chiffres du 31 décembre 2016, 29’444 des 47’340 assuré-e-s sont des femmes (contre 17’896 hommes), elles sont donc nettement majoritaires au sein de la CPEG. Or, les inégalités entre les sexes sont renforcées par le système de deuxième pilier. Entre février 2014 et décembre 2015, la pension moyenne des assurées de la CPEG était ainsi de 2’194 francs contre 3’240 pour les hommes. Un écart qui s’explique d’abord par le fait que les femmes sont surreprésentées dans les métiers moins bien payés. De surcroit, une étude de la HETS et de l’Université de Lausanne, publiée en 2016[1] , démontre que le recours au temps partiel est le moyen le plus utilisé pour concilier vie professionnelle et vie de famille et que dans la majorité des cas, ce sont les femmes qui réduisent leur taux de travail.

On le voit, la prévoyance professionnelle est loin d’être imperméable aux inégalités entre femmes et hommes qui traversent notre société. Or, le relèvement de l’âge pivot pour les femmes a encore accentué ce problème. Rappelons par ailleurs, que la population suisse a rejeté la loi fédérale sur la prévoyance professionnelle 2020 (PV 2020) – qui prévoyait d’élever d’un an l’âge de la retraite des femmes – par 52.7 % de NON. À Genève, le rejet était encore plus net avec 60.28 % des suffrages. Il est donc impensable que la CPEG maintienne l’âge pivot à 65 ans pour les femmes.

Jean Burgermeister


[1] http://www.egalite-famille.ch/data/documents/Actualites/Egalite/2016/Lesconsquencesdutravailtempspartielsurles prestationsdeprvoyancevieillesse-2016.pdf