Lors de la session des 2 – 3 novembre, nous avons été confrontés à un florilège de textes concernant les requérant-e-s d’asile, signés en majorité par des membres des groupes de l’«Alternative», voire du PDC ou du PLR, qui se voulaient bienveillants et militant pour une amélioration des conditions d’accueil des requérant-e-s.
Toutefois, ces derniers n’ont pu réunir une majorité, car une fois encore de potentielles convergences humanistes se sont heurtées à la question de l’allocation des moyens nécessaires pour faire face à l’adaptation ou à l’augmentation des besoins. Ainsi, une grande part du parlement se satisfait de bonnes intentions, mais n’est pas prête à investir les moyens nécessaires. Quatre autres textes particulièrement outranciers, issus de l’UDC, fondaient leurs propositions sur une déformation de la réalité, une criminalisation des requérant-e-s et des appels au rejet et/ou à la contention de cette population. Heureusement, ceux-là n’ont pas convaincreu une majorité de député-e-s et ont été refusés. C’est donc sur ces questions de l’asile un bilan en demi-teinte, voire en quart de teinte, qui ressort de la session.
Pour les textes qui proposaient un meilleur pour les requérant-e-s :
Une résolution du Grand Conseil adressée à l’Assemblée fédérale, la R 835, demandait que la loi fédérale sur l’asile soit modifiée de sorte, qu’à l’instar de la pratique genevoise, la détention administrative des mineur-e-s soit proscrite en Suisse. Cette résolution a eu un accueil favorable, mais a néanmoins été renvoyée à la commission judiciaire.
Par ailleurs, il a été question de la M 2259 A, une motion signée par un large spectre politique afin de mettre fin au recours aux abris de protection civile pour héberger des demandeurs-euses d’asile. Après de nombreuses auditions et une visite sur le terrain, les conditions objectives de vie des requérant-e-s d’asile dans les abris PC ont pu être mises en lumière. Ainsi, d’Ensemble à Gauche au PLR, le Conseiller d’Etat Mauro Poggia compris, tous convenaient que les conditions d’hébergement en abris PC n’étaient pas conformes à la dignité et qu’il faudrait prioriser toutes autres solutions de logement en surface. Malgré l’acuité de ce qu’ont révélé les auditions de requérant-e-s et des organismes de soutien qui œuvrent dans ce domaine, la motion a été refusée en plénière comme en commission. La droite et l’extrême droite du parlement n’ont pas voulu d’une invite de la motion exigeant expressément des mesures pour garantir au plus vite des hébergements, en surface, conformes à la dignité humaine. Certains, ceux qui au vote auraient pu faire la différence, le PLR plus particulièrement, ont saisi ce prétexte pour refuser la motion que certains des leurs avaient pourtant signée.
Pour les textes qui nous ont fait vomir :
Là, foin de bienveillance ! Même de surface. Nous avons été saisis de six textes pétris de la haine de l’autre, d’une volonté de discréditer une population de requérant-e-s d’asile en les accusant de tous les maux. Heureusement, ces outrances ont rallié une majorité contre elles et ils ont été refusés.
Les PL 12003 A et Pl 12004 A proposaient ni plus ni moins d’introduire, au plan constitutionnel un référendum communal obligatoire sur les décisions d’implantation de centres d’hébergement pour requérant-e-s d’asile et un droit d’opposition systématique en soumettant obligatoirement leurs autorisations de construire au corps électoral communal. Une perversion des droits de vote et de référendum qui a heureusement conduit au rejet des deux projets.
La R 793 A aurait pu trouver un certain écho à ses deux invites, qui demandaient que le pourcentage de requérant-e-s d’asile que Genève doit recevoir soit revu à la baisse et que la contribution de la Confédération à la politique d’asile dans notre canton soit augmentée. Or, les considérants sur lesquels étaient fondées ces invites et l’exposé des motifs de cette motion étaient inacceptables. A nouveau, le prétexte du dépôt d’un texte parlementaire est saisi pour disqualifier les requérant-e-s d’asile et en faire des boucs émissaires de toutes les difficultés du canton. Il a été rejeté, sachant par ailleurs que le département, de concert avec les directeurs-trices cantonaux des affaires sociales d’autres cantons a d’ores et déjà engagé un processus de demande de reconsidération du ratio de requérant-e-s à accueillir et de la contribution fédérale.
Enfin, la M 2333 A, le dernier texte, au titre évocateur de «Pas de requérants d’asile près de nos écoles », nous a conduit aux limites de la stupidité et du rejet de l’autre. Il n’y a pas grand-chose à dire sur tel objet, si ce n’est qu’il a été opportunément refusé et renvoyé dans des limbes dont il n’aurait jamais dû sortir.
Si nous pouvons nous féliciter qu’une majorité ait fait barrage à l’outrance de ces textes ; il reste que l’acrimonie et l’absence de déontologie élémentaire dont ils sont pétris nous alarment. Elle signale le retour et la banalisation d’un discours aux relents fascistes particulièrement abjects. Gardons-nous donc de toutes concessions à celui-ci.
par Jocelyne Haller, députée EàG,
jocelyne.haller@gc.ge.ch