Le Conseil d’Etat a annoncé hier le retrait du projet de loi de baisse de 1% des salaires du personnel des services publics et du secteur subventionné. Devant une commission des finances unanimement hostile à cette mesure, le Conseil d’Etat a (enfin) pris acte de son échec. C’est une victoire d’étape importante des salarié·e·s qui se sont fortement mobilisé. Reste maintenant à mettre en échec la hausse massive de la part salariale des cotisations LPP qui entraînerait des baisses de salaires plus importantes encore et une dégradation des retraites. Ce sera la bataille de 2021.

En pleine crise, la proposition du Conseil d’Etat de baisser les salaires était aussi absurde qu’irresponsable. Alors que la situation sur le front sanitaire est explosive, le gouvernement avait fait le choix de s’en prendre à celles et ceux sur lesquels nous comptons pour endiguer la deuxième vague que le Conseil d’État n’a pas vu venir. Malgré les grèves très suivies de la fonction publique et une nette majorité contre cette proposition qui se dessinait au Grand Conseil, il avait fait le choix incompréhensible de maintenir son projet de loi. Une politique kamikaze qu’il a été contraint d’abandonner hier.

Cette baisse des salaires était d’autant plus brutale que le Conseil d’État l’avait annoncée – en septembre – une semaine après avoir affiché sa volonté de baisser fortement l’impôt sur la fortune. Les travailleurs·euses de la fonction publique étaient ainsi appelé·e·s à payer les cadeaux fiscaux aux plus riches et aux grandes entreprises (RFFA). La crise a pourtant démontré l’importance de services publics forts et la nécessité d’une réelle redistribution des richesses alors que l’accroissement des inégalités – qui est une tendance lourde depuis plusieurs années – s’accélère.

Cette victoire doit encourager la fonction publique à poursuivre sa mobilisation en 2021, en particulier contre le projet de hausse de la part salariale des cotisations LPP. Cette réforme entraînerait en effet des baisses de salaires nets de 2.35 à 3.25%. Elle ferait porter au salarié·e·s une grande partie des coûts de la recapitalisation de la CPEG, contournant ainsi la votation populaire de mai 2019. Tout au contraire, la défense des services publics et des prestations sociales doit inévitablement passer par une hausse des rentrées fiscales de l’État qui connaît un déficit structurel de plusieurs centaines de millions par an. Ensemble à Gauche a déjà fait de nombreuses propositions dans ce sens : imposition de la totalité des dividendes des gros actionnaires, suppression du bouclier fiscal qui protège les multimillionnaires, rétablissement de l’impôt sur les successions en ligne directe pour la part des legs dépassant 2 millions, etc.

Dans l’immédiat, le Grand Conseil doit encore se prononcer sur le projet de budget 2021. Ensemble à Gauche défendra le versement de l’annuité, mais aussi un renforcement du système public de santé. Alors que le personnel soignant est aujourd’hui mobilisé dans des conditions extrêmement difficiles, il est urgent d’augmenter la dotation en personnel des HUG et des soins à domicile ! Pour faire face à la crise sans précédent que nous traversons, afin d’alimenter un fonds d’aide aux victimes sociales de la COVID-19, salarié·e·s et petits indépendant·e·s, en particulier, nous défendrons un projet de loi visant un prélèvement exceptionnel de 1% sur la part des fortunes dépassant 2 millions de francs.