Avec une majorité du Grand Conseil nous avons refusé de prendre acte de la réponse du Conseil d’État à la motion qui lui demandait d’intervenir en faveur du personnel de Swissport pour rétablir des conditions de salaire et de travail dignes. Le Conseil d’État se retranche une fois de plus dans cette réponse derrière une impossibilité d’intervenir dans l’octroi des concessions relatives à Genève Aéroport. Ce n’est pas la première fois. Cela ne nous convainc pas. Nous avons renvoyé ce texte en commission afin de faire toute la lumière sur les réelles possibilités d’intervention, de Genève Aéroport, du Conseil d’État et de la Confédération en la matière et sur les motifs pour lesquels elles n’ont pas été activées.

La réponse du Conseil d’État tourne essentiellement autour de l’affirmation – la même que celle de la Direction de Genève Aéroport – qu’il n’avait pas les compétences pour intervenir dans l’octroi des concessions attribuées aux services d’assistance au sol. Pourtant, au travers de cette réponse, il apparait que tous deux auraient des marges de manœuvres qu’ils n’utilisent pas.

Bien que M. Poggia se soit finalement entremis pour favoriser une certaine forme de concertation, la position intransigeante de la direction de Swissport a rendu toute négociation impossible. Pire dans l’entre-temps cette dernière a poursuivi son œuvre de détérioration des conditions de travail de son personnel en posant de nouvelles exigences, en rigidifiant plus encore son attitude, si encore faire se pouvait. De fait, le Conseil d’Etat décline toute responsabilité en la matière et se réfère au constat d’impuissance de la chambre des relations collectives de travail (CRCT) face à la position de fermeture de la direction de Swissport et du contexte de concurrence effrénée entre les différentes entreprises d’assistance au sol des compagnies aériennes. Il reprend à son compte l’une des propositions de la chambre, à savoir la conclusion d’une convention collective de travail (CCT) inter-entreprises, comprenant Swissport et Dnata. Une piètre proposition si l’on considère que ces deux entreprises se sont particulièrement négativement illustrées dans la dérégulation et la dégradation des conditions de salaire et de travail de leur personnel. Une perspective qui n’a rien de réjouissant et qui laisserait à craindre un dramatique nivellement par le bas si d’importantes cautèles ne sont pas précisément imposées par l’Etat, l’OFAC et Genève Aéroport.

Imposition de congés-modification sous peine de licenciement en cas de refus des nouvelles conditions imposant des baisses de salaires drastiques, contrainte d’emplois à temps partiel avec une disponibilité obligée hors du temps de travail qui empêche la prise d’un emploi complémentaire pour vivre, non prise en compte du temps d’habillage dans le temps de travail, climat délétère, autant de fâcheuses caractéristiques qui devraient susciter une intervention forte de Genève aéroport et de l’Etat. Et pourtant, que nenni !

Résignation et impuissance semblent être les maitres mots dans cette situation. Nous les réfutons, nous les refusons. Le personnel de Swissport, comme celui de Dnata ne peuvent être abandonnés à leur sort sous prétexte que personne ne peut, ne veut intervenir dans les relations contractuelles entre Genève Aéroport, l’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC) et les entreprises d’assistance au sol. C’est pourquoi, avec tous les syndicats de la branche nous continuerons à être à leurs côtés et à défendre leurs intérêts. Dans cette perspective, nous exigeons que les possibilités d’agir auprès de ces entreprises soient diligemment mises en lumière. C’est à cette fin que ce texte a été renvoyé en commission.

Jocelyne Haller