Après avoir une fois de plus renfloué par un crédit de plus de 1,4 million ce bateau à la dérive qu’est le stade de la Praille, quelques minutes plus tard dans la même session, la droite unanime (UDC, MCG, PLR ET PDC) appuyée pour l’occasion par le PS a voté un crédit d’étude 11 700 000 francs, en vue de la construction de la patinoire du Trèfle-Blanc à Lancy. Une nouvelle débâcle financière annoncée qui va se chiffrer à plus de 387 millions d’investissements sans parler du budget de fonctionnement problématique… et de l’impact climatique désastreux.

Nous avons pourtant bataillé, avec un rapport de minorité du soussigné pour EAG, afin de faire valoir des arguments pertinents notamment que nous sommes en situation d’urgence face à la crise climatique et que les bâtiments abritant des patinoires sont particulièrement gourmands en énergie, qui plus est fossile, toute l’année. En hiver, on y consacre en effet 2/3 de l’énergie pour les locaux à chauffer et 1/3 pour refroidir la glace et… c’est le contraire en été.

Un budget d’exploitation problématique

La dégradation actuelle du climat est grave et le dernier rapport du GIEC est encore plus alarmant quant à l’avenir. Les effets catastrophiques de l’élévation de la température tout autour de notre planète sont une réalité incontournable, chacun·e le reconnait. Prenant la mesure de cette évidence d’un côté, le gouvernement demande aux citoyen·ne·s de faire des efforts considérables pour limiter drastiquement la production de CO2, et de l’autre, il soutient, avec ces deux patinoires, la dispersion d’énorme quantité de ce gaz à effet de serre durant toute l’année.

De plus, même si l’on tolère que le budget d’exploitation d’une si importante infrastructure ait été sérieusement sous-évalué, on peut légitimement se demander où le club trouvera l’argent pour la location de la patinoire à hauteur du montant, admis en l’état, de 1 million. En effet, aujourd’hui le club ne paie aucun loyer pour l’utilisation de la patinoire des Vernets.

Un méga-parking hors de prix

Enfin, la construction d’un parking de 1200 places en abri souterrain au prix de 70 000 francs la place, soit une facture de 84 millions rendra l’opération déficitaire sur le long terme pour la Fondation des parkings qui le construira sur son propre budget. Un gouffre financier comme l’a été le parking de Genève Plage est à redouter.

Du côté de socialiste on suit le mouvement. Le conseiller d’État Thierry Apothéloz nous a bassiné lors de son audition en commission sur le fait que «Le Conseil d’État a le souci d’en faire un projet ambitieux, correspondant au souhait de prendre en compte les questions environnementales.» Cependant, pour faire adhérer la population à l’urgence climatique annoncée par le Conseil d’État, selon lui, il faut éviter de priver les gens d’une telle infrastructure. Si l’urgence climatique est vécue comme accompagnée de «privations», cela pourrait ne pas rencontrer l’adhésion de la population.» Ainsi, il soutient que la réalisation de ces deux patinoires doit faire plaisir pour accélérer la transition énergétique et climatique. Étonnante conclusion!

Affaires à suivre…

Sans succès nos arguments ont été rejetés par une majorité hétéroclite au nom du sport et du «rayonnement» de Genève. Derrière ce blabla électoraliste, on a bien compris qu’il s’agissait pour la droite de lancer une nouvelle fois des grands travaux pour rassasier des entreprises du bâtiment. Et peu importe que la collectivité passe à la caisse tous les ans comme elle le fait depuis maintenant plus de 20 ans pour le stade de la Praille contre lequel nous avions déjà mis en garde à l’époque.

De notre côté nous ne sommes pas dupes. En effet, ce projet a déjà mis plus de dix ans pour qu’aujourd’hui un crédit d’étude voie le jour. De nombreux projets en partenariat avec différents groupes privés sentant le soufre ont notamment été imaginés… Reste qu’il y a toujours quelque chose qui cloche, un petit propriétaire qui résiste sur la parcelle du Trèfle Blanc. Nul doute que nous aurons encore de nombreuses occasions pour faire valoir l’intérêt général.

Rémy PAGANI