Ensemble à Gauche se joint aujourd’hui à la mobilisation de la Grève pour l’avenir, à l’appel du mouvement de la grève du climat. La catastrophe écologique en cours, marquée en particulier par le réchauffement climatique et l’effondrement de la biodiversité, est encore aggravée par la multiplication des zoonoses (passage de germes animaux aux êtres humains), dont le COVID-19 est la plus récente et la plus inquiétante manifestation.

Les mobilisations massives de la jeunesse de l’année dernière ont pointé à juste titre le système économique capitaliste et productiviste comme source principale du problème. Voici les dix propositions d’Ensemble à Gauche :


1. SORTIE DE L’AGROBUSINESS

La Suisse doit être en tête de la lutte contre la déforestation, les monocultures d’exportation, les élevages industriels en batterie et la production de viande synthétique. 70 milliards d’animaux sont abattus chaque année dans le monde (une hécatombe) et 100 millions d’hectares sont affectés à la production de soja pour nourrir le bétail. Ce mode de production de la nourriture est l’un des premiers responsables du réchauffement climatique (une moitié des émissions de gaz à effet de serre en dépendent), de la ruine de centaines de millions de paysans, mais aussi des pandémies émergentes. Dans une perspective de solidarité internationale, nous devons rompre avec l’approche des autorités fédérales et cantonales, fondée avant tout sur le jeu des régulations marchandes (multiplication des accords de libre-échange) et sur l’achat de droits d’émission de gaz à effet de serre au détriment des pays pauvres.


2. DÉFENSE DE L’AGRICULTURE PAYSANNE

Nous défendons une réduction massive de la consommation de viande, l’arrêt de son importation (40% de la volaille consommée en Suisse vient du Brésil) et le soutien à l’agriculture et à l’élevage paysans, visant à sortir des pesticides, dans la perspective de la souveraineté alimentaire et des circuits courts. Au contraire, depuis plusieurs, décennies, la Suisse souffre d’une réduction continue de ses exploitations agricoles, aux dépens des plus petites :  la taille moyenne de celles-ci a doublé depuis 1975. Il est enfin inacceptable que Migros investisse dans la société israélienne de viande synthétique Aleph Farms (un État qui pratique une politique colonialiste), productrice de viande artificielle et grosse consommatrice d’énergie, alors que la réduction de la consommation d’aliments carnés s’impose pour des raisons de santé publique.


3. PRÉSERVATION DE LA BIODIVERSITÉ

Le déclin rapide de la biodiversité, qui prends les proportions d’un massacre, est lié à la déforestation, à la généralisation des monocultures d’exportation et au réchauffement climatique, qui provoquent à leur tour l’émergence de pandémies mortelles. En Suisse, elle s’accélère aussi, montrant l’inadéquation des mesures prises jusqu’à aujourd’hui. Pas moins de 35 % des espèces du pays sont menacées ! Il faut donc élargir considérablement les zones protégées. Plus largement, la défense de la biodiversité doit être prise en compte par toutes les politiques publiques : aménagement, agriculture, transports, éducation, etc. Elle passe aussi par une protection accrue de certaines espèces, contrairement aux décisions récentes des Chambres fédérales qui ont opté pour voter l’assouplissement des normes encadrant les tirs de certains animaux, dont l’ours et le loup.


4. RENFORCEMENT DE LA SANTÉ PUBLIQUE ET PRÉVENTION DES PANDÉMIES

Nous défendons le contrôle public et la relocalisation de tous les secteurs industriels indispensables à la santé : matériel de protection, tests, vaccins, médicaments, etc. ; il faut recourir à la licence obligatoire pour délivrer les prestations nécessaires au public au moindre coût. La prise en main des cliniques privées par les collectivités publiques doit être décidée. Des investissements massifs sont indispensables pour le développement du service public de la santé, axés tant sur la prévention que sur les soins : augmentation des capacités d’accueil des hôpitaux ; engagement et formation d’un personnel plus nombreux, avec revalorisation de ses fonctions ; développement de la recherche fondamentale publique ; financement solidaire de l’assurance maladie sur le modèle de l’AVS-AI.


5. RÉDUCTION MASSIVE DU TEMPS DE TRAVAIL

Pas de sortie du productivisme sans réduction massive du temps de travail ( les émissions de gaz à effet de serre par heure de travail sont sept fois trop élevées) et sans mise en cause de l’obsolescence programmée des biens de consommation : l’allongement de moitié de la durée d’utilisation des produits les plus courants réduirait massivement les émissions de CO2. De même, la publicité devrait être supprimée et son budget mondial de 600 milliards de dollars affecté au soutien à la production culturelle indépendante. Face à la dépression économique qui s’annonce et à la montée du chômage qu’elle va provoquer, la réduction du temps de travail est aussi un impératif social : travailler moins pour travailler toutes et tous. Enfin, réduire fortement le temps de travail professionnel, c’est reconnaître pleinement le temps de travail indispensable, effectué dans « la sphère privée », principalement par les femmes (soins, éducation, ménage) et favoriser sont partage égal entre les sexes.


6. VERS UNE MOBILITÉ D’AVENIR

Nous voulons que la Suisse s’engage en faveur de la réduction du transport aérien : taxation du kérosène ; taxe de 100% sur les vols de moins de 1000 km et affectation des recettes ainsi perçues au développement du rail et à la baisse de ses tarifs ; reprise des aéroports par les cantons et la Confédération ; pas de soutien public aux industries fossiles et aux compagnies aériennes. Les prix exorbitants du train sont aujourd’hui un frein important à son utilisation, c’est pourquoi nous défendons une baisse massive des tarifs CFF : un abonnement général à 100 francs par mois serait un premier pas vers la gratuité ! Pour une réduction drastique des transports motorisés individuels : fermeture des rues au trafic automobile et arrêt de l’extension du réseau routier et autoroutier ; développement des transports publics et généralisation de leur gratuité dans les agglomérations ; soutien aux aménagements de mobilité douce pour encourager les déplacements à pied et à vélo.


7. CONTRÔLE PUBLIC DE LA PRODUCTION ET DE LA DISTRIBUTION D’ÉNERGIE

La réduction massive des émissions de gaz à effet de serre est une priorité absolue pour rester en dessous d’une hausse de 1,5° C des températures moyennes depuis l’ère préindustrielle. Nous nous battons pour des investissements publics à la hauteur des exigences de l’heure : dans les énergies renouvelables et les technologies douces ; pour l’isolation thermique des bâtiments ; pour le développement de l’offre et la gratuité des transports publics collectifs ; pour la sortie sans délai du nucléaire. Une politique environnementale conséquente doit se faire avec l’appui d’une large majorité de la population, c’est pourquoi nous privilégions des mesures qui améliorent la qualité de vie plutôt que la multiplication de taxes socialement injustes. La privatisation totale du marché de l’électricité souhaitée par le Conseil fédéral empêcherait tout contrôle démocratique et toute transition écologique sérieuse : au contraire, c’est d’un véritable service public de l’énergie dont nous avons besoin.


8. POUR UNE ALTERNATIVE ÉCOSOCIALISTE DE PAIX

Le système doit muter radicalement : diminuer les émissions de gaz à effet de serre locales, mais aussi empêcher les grands groupes économiques qui ont leur siège en Suisse d’exercer leurs activités prédatrices sur la planète. Nous travaillons sans relâche à combattre la spoliation des ressources des autres pays, en particulier des plus pauvres, par les multinationales et les grandes banques suisses, facilitée par un droit fiscal au service des dominants. Notre projet d’avenir suppose aussi la suppression de l’armée suisse, du budget militaire et des exportations d’armes, soit un engagement clair en faveur de la paix et pour la reconversion de productions nuisibles. Nous nous engageons en faveur d’une société différente où le travail ne contribue plus à l’accumulation sans fin au profit d’une minorité, mais à la production de valeurs d’usage nécessaires au bien-être de toutes et tous, y compris dans les pays les plus pauvres, selon des choix démocratiquement effectués par la population.


9. POUR UN IMPÔT DE SOLIDARITÉ SUR LES GRANDES FORTUNES EN FAVEUR DE LA SANTÉ ET DE L’ENVIRONNEMENT

Les mesures que nous préconisons ont un coût. C’est pourquoi, sans miser sur la justice sociale et la réduction des inégalités, le tournant écologique radical que nous défendons n’est pas concevable. D’abord, parce que les super-riches sont aussi ceux qui détruisent le plus activement l’environnement, que ce soit par leurs choix d’investissements ou par leurs modes de consommation. Ensuite, parce que la réduction de la part des salarié·e·s dans la PIB de la plupart des pays a pour corolaire la concentration injuste et stérile d’énormes fortunes entre les mains d’un nombre très restreint de multimillionnaires. C’est pourquoi nous proposons un impôt fédéral de solidarité sur les grandes fortunes pour la santé et l’environnement qui pourrait rapporter 8 à 10 milliards de francs par an.


10. POUR UNE DÉMOCRATIE RÉELLE, MAINTENANT !

À l’heure où les GAFA développent un contrôle systématique de tous nos faits et gestes, et où les États répriment de plus en plus directement les manifestations d’opposition populaires, nous refusons les mesures autoritaires et/ou de surveillance renforcée prises au prétexte de la pandémie. Les droits de réunion, de manifestation et de grève doivent être défendus sans concession, dans le respect bien entendu des mesures de prévention sanitaire. Parce qu’ils ont perdu une grande part de leur crédibilité, les gouvernements et les multinationales qui dominent le monde, manifestent une peur croissante qui les pousse à favoriser de plus en plus des mesures de restrictions des libertés. À l’opposé, le changement radical de société auquel nous aspirons nécessite des mobilisations sociales de grande envergure et des choix démocratiques faits par le plus grand nombre.