En nous battant pour récupérer le siège à Berne que nous avions perdu en 2007, nous avons défendu que notre rôle serait celui de lanceurs d’alerte et de défenseurs des droits sociaux et démocratiques essentiels des classes populaires et des couches opprimées de la population ici comme ailleurs. Nous voulions rompre avec l’autocensure d’une « gauche » qui n’ose proposer que ce qu’elle pense acceptable par la « démocratie de concordance », c’est-à-dire par une majorité de la droite. Ce sont ces principes qui dictent ma ligne de conduite au Conseil National.

Depuis décembre 2019, j’ai déposé de nombreux textes pour la défense du bien commun, de la protection des salarié·e·s, de l’égalité femmes-hommes, des droits des immigré.e.s et des sans-papiers et dans la perspective d’une solidarité internationale active (cf. ma page web du parlement).

À la session de mars, j’ai déposé des objets qui ont surpris celles et ceux qui estiment qu’il faut se contenter de propositions admissibles par les dominants, une soumission implicite qui entrave depuis des décennies la réflexion, sans parler de l’imaginaire politique, de la « gauche » helvétique. En effet, aussi limitée que soit l’influence d’une élue sur 200 à Berne, je considère que cette manière de faire est la plus efficace. Voici mes principales interventions :

Droits des migrant·e·s
J’ai déposé une initiative parlementaire visant à ce que toute personne née en Suisse de parents étrangers et résidant sur le territoire suisse acquière de plein droit et automatiquement, à sa majorité, la nationalité suisse et les droits de cité. Le principe du droit du sang (jus sanguinis) fonde en effet l’acquisition de la nationalité suisse sur la transmission héréditaire qui fait fi du contexte et des conditions dans lesquels grandissent effectivement les enfants d’immigré·e·s. En 2019, les étranger·e·s de moins de 19 ans représentaient 20,3% de la population étrangère en Suisse (soit 440 700 personnes). Alors que nous commémorons les 50 ans du droit de vote des femmes au niveau fédéral, l’acceptation de cette initiative serait un pas vers une égalité des droits de toutes celles et ceux qui vivent en Suisse.

Défense du bien commun
La pandémie ne doit pas être source de profits ! Dans la ligne de la pétition européenne No profit on pandemic.eu, qui a déjà récolté plus de 100 000 signatures, ma motion invite le Conseil fédéral à « prendre des mesures visant à assurer la gestion publique de technologies de santé essentielles, développées en partie grâce à des ressources publiques » et à « agir au niveau international pour la libération des brevets concernant les vaccins et traitements contre le Covid-19 ». Ma démarche a été relayée en point de mire de l’Événement Syndical.

J’ai en outre demandé la mise à disposition publique du contenu des contrats signés avec les entreprises pharmaceutiques
Je suis aussi intervenue dans le débat sur la Loi sur la circulation des espèces de faune et de flore protégées : « Il n’y a pas d’autres issues, ai-je souligné, que d’agir sur les causes des destructions en cours en mettant en avant l’intérêt général, en écoutant les voix qui montent des mobilisations larges, en particulier de la jeunesse, pour la justice climatique, en faisant passer la vie et la solidarité des espèces qui se partagent notre planète avant les impératifs du profit privé ».

Égalité femmes-hommes
Parmi les huit textes que j’ai déposés pour le 8 mars, je mentionnerai en particulier l’établissement d’un rapport sur l’impact spécifique de la Covid-19 sur les femmes, notamment en termes de licenciements ; la reconnaissance du travail domestique par les assurances sociales ; la gratuité de la contraception et de la santé sexuelle ; l’exigence d’un observatoire dur les violences faites aux femmes…

Protection des salarié·e·s
J’ai aussi posé une série de questions concernant la protection des salarié·e·s contraints à porter un masque pendant toute la journée en réclamant une réduction de leur horaire de travail. J’ai aussi demandé que les tests PCR soient gratuits pour les travailleurs immigré.e.s qui doivent rentrer dans leur pays.

Droits des enfants
Je suis aussi intervenue dans le cadre d’une première discussion sur Loi sur la protection des mineurs dans les secteurs du film et du jeu vidéo, insistant sur la nécessité de régulations étatiques, mais surtout d’une démarche éducative qui arme les enfants contre ce type de dangers, ce qui m’a valu une invitation à l’émission Forum de la RTS.

Solidarité internationale
Parmi mes interventions au cours de cette session, je mentionnerai en particulier…

  1. Une question au Conseil fédéral en faveur du peuple palestinien, qui vit une véritable situation d’apartheid, notamment en termes d’accès au vaccin, ce qui n’a pas été sans susciter une réaction immédiate de l’ambassade israélienne à Berne.
  2. Une question au Conseil fédéral en faveur du professeur Maâti Monjib, historien, journaliste et défenseur des droits humains au Maroc, incarcéré arbitrairement et aujourd’hui en grève de la faim, ce qui a amené l’ambassadeur du Maroc à m’inviter à en débattre personnellement, ce que j’ai fait en marge de la session. Une campagne internationale pour sa libération a été lancée que je vous invite toutes et tous à soutenir.
  3. Un appel européen en défense du HDP qui fait plus que jamais l’objet d’une répression systématique en Turquie, pour lequel j’ai obtenu le soutien de parlementaires suisses, et qui a déjà reçu l’appui de député·e·s de l’État espagnol, d’Italie, du Royaume-Uni et du Portugal. Il continue à circuler…

Stefanie Prezioso