Ce projet de loi (PL 12806-A) s’inscrit dans le plan cantonal de promotion de la santé et de prévention 2019-2023. Il entre également en cohérence avec l’actuelle dynamique qui nous amène à nous prononcer prochainement sur l’initiative populaire du 12 septembre 2019: «Oui à la protection des enfants et des jeunes contre la publicité pour le tabac (enfants et jeunes sans publicité pour le tabac)». Il propose de définir des espaces extérieurs, particulièrement fréquentés par les jeunes, sans tabac. Il vise à lutter contre l’initiation au tabagisme chez les jeunes par la banalisation de l’usage du tabac et de ses risques. Largement soutenue par le Parlement la modification de la loi votée donne un message plus clair en matière de lutte contre les méfaits du tabac et de santé publique

Aujourd’hui, un consensus semble se dessiner pour ne plus banaliser les ravages induits pas la consommation du tabac. Après avoir interdit l’usage de la cigarette dans les lieux publics, une nouvelle dynamique tend à vouloir en réduire l’usage dans l’espace public et à contrecarrer le message d’incitation dont ce dernier est porteur.

Partant du principe qu’il est plus facile de ne pas commencer à fumer plutôt que d’arrêter de fumer, le projet de loi cible les espaces fréquentés par les jeunes. À cela s’ajoute la nécessité d’informer l’opinion publique des dommages dont le tabac est responsable. Depuis des années, nous nous sommes habitués à un message particulièrement paradoxal figurant sur un produit en vente libre: «la fumée tue»! Pour tout autre produit, un tel message induirait des interdictions, à tout le moins des précautions d’utilisation. En l’occurrence rien! juste cette mention. Pourtant lors des auditions des experts sont venus nous dire que la cigarette tue un fumeur sur deux. Aussi, la question se pose, ne devrait-on pas inscrire sur les paquets de cigarettes:» la fumée tue un fumeur sur deux, peut-être êtes-vous l’un de ces deux».

L’ironie n’est peut-être pas de mise face à la gravité d’un tel sujet, mais pas moins que l’hypocrisie qui consiste à continuer à faire commerce d’un produit aussi préjudiciable à la santé pou à percevoir des taxes sur sa vente.

Il faut le rappeler, en Suisse, 9500 personnes décèdent chaque année des suites de l’usage de tabac. La consommation de tabac occasionne chaque année 3 milliards de francs de frais médicaux et 2 milliards de francs de pertes pour l’économie en raison d’incapacité de travail résultant des diverses pathologies induites par le tabagisme. En 2019, dans le classement européen de la lutte anti-tabac, la Suisse arrivait avant-dernière sur 36 pays. Il est temps de redresser ce lamentable bilan.

Notre soutien à ce projet de loi va dans cette voie. Il s’inscrit résolument dans une volonté de développer une réelle politique de promotion de la santé et de prévention contre le tabagisme.

Jocelyne Haller