La Tribune de Genève l’a écrit, c’est à « une large majorité » du Grand Conseil qu’a été refusé le projet de loi du PLR Jean Romain, qui exigeait que les député·e·s portent tous·toutes une « tenue correcte » c’est-à-dire en somme… qu’ils·elles se déguisent tous et toutes en PLR.

Rappelons que Jean Romain avait lancé ce combat un peu idiot au lendemain de l’adoption de la Loi sur la Laïcité de l’Etat (LLE) de Pierre Maudet, en présentant sa proposition comme la mise en œuvre étendue de celle-ci au Grand Conseil, à travers cette «normalisation» vestimentaire qu’il voulait imposer.

Malheureusement pour lui, la Chambre constitutionnelle a invalidé – très précisément – cette disposition de la LLE à laquelle il se référait explicitement. La Cour estimant – en résumé – que les élu·e·s doivent pouvoir venir habillé·e·s comme ils·elles l’entendent: du voile islamique, à la cravate PLR, chacun·e doit être libre de refléter au parlement comme il·elle l’entend ses opinions et celles de ses électeurs·trices par son apparence comme par sa parole… dans les limites ordinaires qu’un·e président·e peut faire respecter sans problème.

En débat, Jean Romain a tenté sans succès de renier le lien de sa proposition avec la LLE, qui formait pourtant l’essentiel de son exposé des motifs, sommaire en diable au demeurant… Le rapporteur de majorité, le MCG Christian Flury, s’est accroché pourtant à cette interdiction prétendue au parlement de signes religieux et a plaidé en sus le fait que toutes les corporations auraient leur costume: les ramoneurs sont en noir, les cheminots en bleus… les flics en uniforme, les avocats en robe… etc.

Ainsi les député·e·s se devaient selon lui d’être en « tenue convenable ». Se référant à ce sujet aux us et coutumes du Conseil des États il a relevé au passage dans son rapport l’interdiction chez les sénateurs·trices du fait qu’on puisse « voir l’épaule » d’une femme !

Bref, on était dans le rétrograde profond… Cela a permis à Pierre Vanek, rapporteur de majorité, de plaider avec succès pour la liberté de chacune et de chacun penser, de croire et de s’habiller à sa guise, dans la société comme au parlement qui est réputé en être – en démocratie – un reflet !

Il a relevé le paradoxe que ce serait d’autoriser chaque député·e à voter librement sur des questions décisives pour la société genevoise, mais d’enlever à chacun·e d’entre eux·elles la liberté de décider comment ou non s’habiller le matin.

A l’argument corporatiste du «métier» de député, qui appellerait une tenue commune uniforme… il a répondu par l’une de ces envolées qui le caractérisent que: « NON ! Nous ne faisons PAS ici tous et toutes le même métier. Nous faisons ici des ‘‘métiers’’ différents… les groupes parlementaires défendent des intérêts différents, voire antagoniques, quand le PLR défend les banques, les milieux immobiliers et les grandes entreprises, EàG défend les salarié·e·s, les retraité·e·s, les jeunes en formation… les prestations sociales et les services publics ! Ce n’est pas la même chose…» Mais cela ne veut pas dire – a-t-il ajouté – que les député·e·s de la gauche radicale doivent se présenter en «uniforme» de bolchévique hirsute… pas plus que de se déguiser en banquiers.

Au passage, Pierre Vanek a suscité les rires par sa mise en garde aux porteurs de cravate sur les dangers, pour l’irrigation du cerveau, avérés par des études médicales sérieuses, de cet accessoire vestimentaire, tout en défendant la liberté individuelle – malgré tout – d’en porter (ou non !), contrairement à l’esprit sectaire, roille-gosse, normatif, prescritif… bref, anti-libéral, du PL de Jean Romain, que le parlement a enterré à juste titre, comme l’avait préavisé une bonne majorité de la commission des droits politiques.