Les places de parking abondent à Genève: il y a 70 000 places privées, 16 000 dans les parkings et 25 000 dans nos rues. Il en était question lors de la récente session à travers les débats sur le projet de loi (PL 12417) du Conseil d’Etat visant à assouplir – mais homéopathiquement – la compensation obligatoire de places de parkings supprimées en surface à l’occasion d’aménagements divers. Le projet est passé, les propositions anti-parking plus audacieuses d’EàG ont été refusées, les Verts et le PS se sont accrochés au compromis gouvernemental. Circulez y a rien à voir !

Cette compensation obligatoire sacralise le maintien du nombre de places de parking et entrave leur réduction, indispensable pourtant comme contribution à la réduction de l’attractivité des transports individuels motorisés notamment pendulaires.

Une telle réduction s’impose à la veille de la mise en route du CEVA qui va délester nombre d’axes routiers embouteillés… au risque de les rendre attractifs – à nouveau – pour des automobilistes ayant renoncé à les utiliser, ceci si une offre abondante de parkings est maintenue.

La récente loi (LMCE) présentée comme consacrant la «paix des transports» et comme marquant un pas en avant significatif dans ce domaine, participe au dispositif de la «sanctuarisation» des places de parking en ville en prévoyant des restrictions bien trop limitées au principe de «compensation» intégrale: dans l’hypercentre on peut renoncer à compenser 20% des places supprimées par des aménagements, mais si et seulement si ces aménagements ont pour vocation de fluidifier et/ou de sécuriser le trafic. Idem mais à hauteur de 10% seulement dans ladite zone 2 entourant l’hypercentre.

La loi d’application cantonale de la loi fédérale sur la circulation routière (LaLCR) prévoit également des règles draconiennes pour que des places de parking dans les ouvrages existants puissent être reconnues comme «compensant» des places supprimées dans la rue…

Le département des transports a donc proposé une loi assouplissant, mais très modérément, ces compensations obligatoires… En effet, eu égard aux restrictions actuelles il leur aurait fallu 28 ans pour supprimer suffisamment de places de parking pour réaliser les aménagements priorisant notamment les TPG dans les zones centrales et découlant de la LMCE elle-même.

Projet raboté en commission et amendements d’EàG
Mais ce projet d’assouplissement a été raboté en commission par la droite qui a réduit dans un rapport de 2 à 1,5 les compensations possibles dans les ouvrages existant découlant de la LaLCR. Quant à la modification de la LMCE envisagée… il s’agissait juste de renoncer à exiger que les aménagements pris en compte favorisent simultanément la fluidité du trafic et sa sécurisation. Désormais, l’un des deux aspects suffit.

Cet état du projet de loi a été soutenu par le PS comme un «compromis» responsable, «dans l’esprit du compromis de la LMCE», crédibilisé par une opposition pro forma de l’UDC qui rejetait tout changement. En commission EàG s’est abstenu comme l’ont fait les Verts.

Mais au final, au Grand Conseil en plénière, nous sommes venus avec deux amendements raisonnables : d’abord d’en revenir aux seuils fixés par le Conseil d’Etat lui-même quant à la compensation en ouvrage (2% plutôt que 1.5%) et ensuite et surtout de supprimer les conditions limitatives exigées par la LMCE pour déroger aux compensations et aussi d’augmenter le seuil de ces dérogations: de 20 à 30% en zone I de 10 à 15% en zone II.

En effet, en l’état, un aménagement qui n’aurait pas un objectif de fluidité et/ou de sécurité… comme par exemple un aménagement aux finalités «seulement» écologiques ou visant bêtement à réduire le trafic.. ne peuvent pas être pris en compte.

Le PS et les Verts cèdent au chantage de la droite
Suite au dépôt de ces amendements, on a vu l’un de ces vaudevilles parlementaires dont le Grand Conseil genevois a le secret. Logiquement, ces propositions auraient pu/dû être soutenues par le PS et le Verts… ils n’auraient probablement pas passé et la loi telle que sortie de commission aurait été votée.

Mais cette manifestation d’indépendance – même platonique et sans effets – des Verts ou du PS entraînés par EàG était insupportable pour la droite. Ainsi, est-elle montée au créneau pour s’offusquer qu’EàG ait eu l’audace de ne pas suivre les conclusions de la majorité en commission et de «casser» un prétendu consensus auquel nous n’avions pourtant nullement participé… Jusqu’au rapporteur UDC – pourtant officiellement opposé à la loi – toute la droite à fustigé nos amendements excessifs, extrémistes, irresponsables… alors qu’ils étaient marqués du sceau d’une modération toute social-démocrate. Ensuite, ils ont annoncé qu’ils ne voteraient pas la loi si ces amendements passaient… pour s’empresser ensuite, du côté du MCG et de l’UDC –  de les voter pour tenter d’entraîner un vote hostile à la loi… et pour empêcher le PS et les Verts d’approuver nos propositions.

Sagement, le PS et les Verts (à trois exceptions pour ce parti, 2 votes à gauche en faveur et 1 à drpoite contre ayant été constatés) se sont donc abstenus sacrifiant l’expression de leur opinion à l’exigence d’un alignement sur le compromis gouvernemental sur la table…

C’est un peu déplorable. La droite bluffait et si une majorité avait voté nos amendements et qu’il s’était avéré qu’à droite cela ne découlait que d’un vote tactique et opportuniste mal calculé du MCG ou de l’UDC… cela aurait servi de leçon à ces derniers et rien n’empêchait de revenir sur cette loi. Mais la docilité du PS et des Verts s’alignant dès que la droite hausse le ton a fait un peu peine à voir…

Pierre Vanek