En juin dernier, Stefanie Prezioso a chargé le Conseil fédéral de mettre en place un pilotage du remplacement des énergies fossiles par les énergies renouvelables. Cette conduite devra se faire par le biais d’un plan national combinant des mesures contraignantes et incitatives et prenant en compte l’état actuel du remplacement et son potentiel. Des objectifs précis seront fixés selon le type de production de l’énergie renouvelables et leurs conséquences en terme climatique, écologiques ainsi qu’en matière de biodiversité. 

La question de l’équilibre entre les différentes sources d’énergies renouvelables n’est généralement pas abordée dans la politique dite de transition énergétique. Or, selon les parts respectives de ces énergies, nous pourrions nous trouver soit dans une situation de pénurie débouchant sur un recours à des expédients dommageables sur le plan écologique ou climatique (centrales à gaz), soit à une hypertrophie de certains segments par rapport à d’autres, impliquant le recours massif à des importations d’énergies (issues du nucléaire, voire du charbon ou du pétrole de schiste). Surtout si, comme c’est le cas actuellement, certaines techniques énergétiques voient leur délai de production s’allonger démesurément et leur prix augmenter en conséquence.

La politique actuelle combine décision individuelle des propriétaires et subventions de l’Etat. Mais la somme des décisions individuelles médiée par le marché ne garantit pas un développement harmonieux et n’intègre pas toutes les dimensions du problème. 

Si l’emploi de la voiture électrique devait fortement croître en Suisse, les sources d’énergie électrique renouvelables ne suffiraient pas. Si la totalité des chauffages au mazout devait être remplacée par des chaudières à pellets, l’ensemble des déchets de l’industrie du bois n’y suffiraient pas plus.

Il faut donc piloter ce remplacement des énergies fossiles et en anticiper ses conséquences climatiques, écologiques et en matière de biodiversité (qui implique, par exemple, de laisser une certaine dose de déchets forestiers sur place et de renoncer à en faire des pellets). Seule une planification, ne serait-ce qu’incitative, est à même de contrôler ce développement, jusqu’à ce jour anarchique et lourd de dérapages incontrôlés et d’impasses. Elle est d’autant plus nécessaire que le remplacement des énergies fossiles est lui-même consommateur d’énergie et émetteur de CO2, comme l’illustre bien le cas du pompage-turbinage pour les barrages hydrauliques, voire plus simplement la production de panneaux solaires.