Le Comité référendaire NON au Pré-du-Stand présentait ce matin ses arguments à la presse. Après avoir rappelé que le projet cumule les faux pas en matière d’aménagement du territoire, d’écologie et de santé publique, les membres du Comité référendaire ont répondu aux arguments avancés par les partisans du projet.

Dans un premier temps, nous avons rappelé les principales raisons de s’opposer au projet le 24 novembre prochain. En effet, le projet du Pré-du-Stand c’est :

  • la disparition de 13 hectares de zone agricole de bonne terre. À l’heure où les habitant-e-s réclament une agriculture de proximité qui permette une alimentation à base de produits locaux les terres cultivables se font toujours plus rares dans le canton.
  • s’approcher de la limite minimale de terres cultivables dans le canton de Genève. En dessous de cette limite, fixée par la Confédération, il ne sera plus possible de déclasser des terrains non-construits et de les consacrer à quelque autre développement que ce soit.
  • la création de 91’000m2 de surfaces de bureaux supplémentaires. Le canton compte pourtant déjà quelques 300’000 m2 de surfaces de bureaux inoccupés.
  • un centre sportif pour les jeunes dans une zone inadaptée à l’entraînement intensif. La proximité de l’aéroport et de l’autoroute engendre une qualité de l’air impropre à l’activité physique.
  • un projet qui s’oppose à la lutte contre le réchauffement climatique. La protection du climat, c’est aussi la défense des terres agricoles.

Le Comité référendaire a ensuite tenu à répondre aux arguments avancés par le Conseil d’Etat en faveur de ce projet. En date du 25 septembre 2019, le Conseil d’Etat lançait la campagne pour la votation du 24 novembre concernant le déclassement du lieu-dit Pré-du-Stand au Grand-Saconnex. Nous reprenons en les contestant les divers arguments avancés. Et nous en ajoutons quelques autres.

Répondre aux impératifs des effectifs scolaires
Le Conseil d’Etat prétend que si le Pré-du-Stand, n’est pas déclassé, il ne sera pas possible de construire un nouveau cycle d’orientation sur le site de Balexert où se trouvent actuellement trois terrains de football à disposition du Servette FC, essentiellement les sections juniors. Le terrain appartient à l’Etat, qui le met à disposition du Servette FC sur la base d’un droit de superficie.

Même si le site se trouve à un jet de pierre du cycle des Coudriers, l’emplacement de Balexert se justifie par la proximité aux transports publics (avec si possible la nouvelle halte CFF à Châtelaine) et la construction du nouveau quartier de l’Etang. Cela permettra également de rénover / reconstruire le cycle du Renard qui est en piteux état. Ce cycle est bien situé par rapport au complexe du Lignon, et avec l’augmentation de la population prévue, cette infrastructure continuera à être nécessaire. Les référendaires ne croient pas à l’argument consistant à promettre des logements sur cette partie de la presqu’île d’Aïre.

Les référendaires encouragent le Conseil d’Etat à poursuivre la mise en œuvre de la planification d’un cycle d’orientation sur les terrains de Balexert.

Que faire avec le foot alors ?
Dans sa recherche pour reloger le centre formation du Servette FC, l’Etat a travaillé la tête dans un sac. Depuis plusieurs années, en collaboration avec le Conseil administratif du Grand-Saconnex, il s’est focalisé sur l’implémentation du programme mégalomaniaque Genève Education Football (GEF), en écartant d’autres solutions qui n’auraient pas consommé autant de terre agricole. En effet, d’autres possibilités existaient, notamment sur la Commune de Vernier, mais elles ont été rejetées par pure facilité foncière.

Il convient tout d’abord d’utiliser rationnellement les infrastructures existantes. L’objectif avoué de GEF est de promouvoir le football d’élite, dont les entrainements se passent essentiellement la journée en semaine. L’ensemble des terrains des communes genevoises est notoirement sous-occupé sur ces périodes. Un tour non exhaustif de quelques centres sportifs, montre que moins de la moitié des terrains est occupée le mercredi après-midi lorsque les enfants ont congé. De même pour le dimanche après-midi, en pleine saison de championnat.

Il est connu que la plupart des clubs de football se plaignent systématiquement du manque de terrains disponibles, mais il s’agit essentiellement de couvrir les sur-occupations (que l’on pourrait mieux gérer) le soir en semaine.

Une mutualisation intelligente des terrains existants la journée en semaine peut sans autres couvrir les besoins du sport d’élite. Pour ce qui est des compétitions, la première équipe du Servette FC dispose du Stade de Genève, qui a déjà coûté plusieurs dizaines de millions à la collectivité. Pour ce qui est des autres compétitions, une utilisation rationnelle des structures avec tribunes existantes (Frontenex, Chêne, Carouge, Meyrin, Varembé, …) devrait facilement faire l’affaire.

Si après cette rationalisation, il est toujours nécessaire de construire un ou deux terrains supplémentaires avec les locaux correspondants, nous n’y sommes pas opposés, mais il ne sera certainement pas nécessaire de massacrer 13 hectares de terre agricole à cet effet.

Le football n’est pas le parent pauvre du sport cantonal
Le football est un sport populaire certes, mais ce n’est de loin pas le seul. On peut constater que les cotisations des membres sont souvent basses et les subventions (communales) élevées. Les subventions indirectes (entretien, amortissement des infrastructures) dépassent de loin les subventions directes.

A titre d’exemple, on peut prendre la situation du stade du Blanché au Grand-Saconnex. Un crédit de CHF 6’200’000.- a été voté en 2015 pour la réfection du stade (sans le bâtiment). Les travaux incluaient des adaptations techniques, mais aussi environ CHF 2’000’000.- pour l’installation de deux terrains synthétiques. Ce type de terrain a généralement une durée de vie de 10 ans et, contrairement aux terrains en gazon, permet une utilisation indépendante de la météo. L’amortissement des terrains revient donc à CHF 200’000.- par année, soit 500 francs par joueur et par année (400 joueurs). A cela s’ajoute l’entretien qui est loin d’être négligeable.

Nous en tirons deux enseignements :

  1. Les subventions indirectes au football sont très élevées. Il n’est pas question ici d’ouvrir une guerre des sports en les comparant à celles d’autres activités.
  2. Plus d’un tiers des terrains sont actuellement synthétiques. L’avantage clair de ces installations est qu’elles peuvent être utilisées tout au long de l’année (et ne doivent donc pas être « économisées » pour le match du dimanche de la première équipe). Une mutualisation de ces nombreuses installations (100 terrains) devient ainsi possible, même avec les équipes de l’élite, qui comme relevé plus haut s’entraînent plutôt la journée. Cette mutualisation est d’autant plus nécessaire que les investissements pour ces structures sont élevés. Sur l’exigu canton de Genève, les terres sont rares, utilisons-les rationnellement.

Qualité de l’air et bruit
Le Conseil d’Etat affirme que la qualité de l’air correspond à celle du parc de la Grange, ce qui est éventuellement vrai aujourd’hui (à vérifier) mais ne le sera certainement plus à l’horizon 2030 lorsque l’aéroport aura augmenté son trafic de 50% (selon les projections du PSIA) et qu’une troisième voie aura été construite sur l’autoroute. La zone proche de l’aéroport deviendra de loin la zone la plus polluée du canton en matière d’oxydes d’azote, qui est un gaz spécialement délétère pour les poumons. Et la zone du Pré-du-Stand ne sera pas épargnée !

Pour ce qui est du bruit, on ne peut pas dire que le Jardin Alpin de Meyrin, avancé comme référence par le Conseil d’Etat, soit spécialement tranquille, touché qu’il est par les fréquents décollages en direction du sud-ouest, sans compter la Route de Meyrin. Le Pré-du-Stand se trouve à peu près dans la même situation que le Jardin alpin, mais il est plus particulièrement touché dans les situations de bise. Il surplombe légèrement le seuil de piste côté Bellevue et est donc particulièrement exposé au bruit des avions au début de leur décollage lorsqu’ils décollent en direction du sud-ouest. Le stade du Blanché, situé un peu plus loin de l’axe de la piste est déjà connu pour être particulièrement bruyant. Mais on peut aussi admettre que pour le football, avec ses hurlements et ses sifflets, le bruit de l’aéroport ne constitue pas le principal problème.

L’État ignore donc le principe de précaution et ne tient pas compte de ses propres projections quant à l’augmentation de la pollution.

N’oublions pas le rapport final publié en octobre 2016 sur l’Evaluation d’impacts sur la santé (par les polluants aéroportuaires) en relation avec le Plan sectoriel de l’infrastructure aéronautique (PSIA) de l’Aéroport de Genève-Cointrin (GA). Ce rapport fut commandé par l’ACTR-AIG et le Conseil d’État. Vous trouverez ces rapports en fin de document.

Terres agricoles et préservation du patrimoine
Nous avons déjà mis en avant le manque flagrant de terres agricoles sur le Canton de Genève et les questions de souveraineté alimentaire, nous n’y reviendrons pas ici. Nous noterons simplement qu’il s’agit du dernier coin de surface agricole situé sur la Commune du Grand-Saconnex. Ce n’est pas parce que cette commune héberge un aéroport, un Palexpo et une autoroute qu’il convient de massacrer entièrement le secteur. L’agriculture fait largement partie de l’histoire du Grand-Saconnex, préservons-en tout de même quelques bribes!

On parle également beaucoup de préservation de la végétation ces derniers temps, et pas que des arbres ! Une terre agricole, davantage que des terrains de football (synthétiques ou non), absorbe la chaleur et le bruit aidant les quartiers plus urbanisés à résister aux épisodes de canicule et à la croissance effrénée de l’aéroport.

Il faut également mentionner que dans le projet d’agglomération, il existe un plan paysage (Plan paysage II dans le cahier 3-8 du projet d’agglomération) qui définit une maille verte qui inclut une grande pénétrante de verdure allant du Pays de Gex en passant par le Bois de Ferney, Bellevue, puis le Grand-Saconnex, Chambésy et le lac. En cas de déclassement, cette pénétrante sera définitivement coupée interrompant les couloirs biologiques et menaçant encore davantage la biodiversité.

Financement
Si jamais le déclassement était acquis, il faudrait ensuite financer la construction des terrains et du centre sportif. Cette opération est devisée à une trentaine de millions de francs, dont l’Etat prendrait en charge environ le tiers. Une proposition de crédit de CHF 9’500’000.- vient d’ailleurs d’apparaître à l’ordre du jour du Grand-Conseil. Le projet de loi est le 12294. Il est affublé de trois rapports de minorité (Verts, EàG, MCG).

Les deux tiers restants seraient pris en charge par un promoteur privé, Newfield SA, filiale de Capvest Advisors SA, dont on a largement entendu parler dans le cadre des diverses affaires Maudet. Il nous parait risqué de faire financer une grosse partie d’une infrastructure considérée par le Conseil d’Etat comme étant d’utilité publique par des investisseurs privés. En cas de retrait de ces investisseurs, il ne resterait au collectivités plus que la possibilité de rattraper le financement, comme cela a été le cas temporairement pour le stade de Genève.

L’intérêt de Newfield SA, n’est certainement pas de promouvoir le sport, mais il utilise ce susucre à la fondation 1890 pour construire son propre projet de surfaces de bureau (90’000 mètres carrés), dans un contexte où les surfaces de bureau vides ne cessent d’augmenter dans le canton et où pléthore de projet du même tonneau sont en planification dans le secteur de l’aéroport.

Les trois rapports de minorité, disponibles ci-dessous, donnent d’autre détails sont le financement.

Pour toutes les raisons exposées ci-dessus, le Comité référendaire vous invite à voter NON au projet du Pré-du-Stand le 24 novembre prochain!

Documentation
https://www.nuisances.ch/rapport-final-evaluation-dimpacts-sur-la-sante-2016
http://www.atcr-aig.com/documentation/
http://www.atcr-aig.com/uploads/Docs_pdf/divers/EIS_GA_RAPPORT%20FINAL_SANS%20ANNEXES_Octobre2016.pdf
https://www.who.int/phe/infographics/breathe-life/fr/
http://ge.ch/grandconseil/data/texte/PL12294A.pdf