Le 13 juin, la Tribune de Genève révélait que le Conseil d’Etat avait décidé de renoncer aux « à-fonds » – les grands nettoyages estivaux des écoles – en 2022, dans le but de faire des économies budgétaires. Une décision qui soulevait de nombreuses questions, aussi bien en matière de salubrité que de maintien des emplois. Devant le tollé, Le Conseil d’Etat a annoncé jeudi dernier qu’il revenait sur sa décision, prétextant un crédit supplémentaire voté par la commission des finances qui permettait de financer ces nettoyages. Pourtant, M. Dal Busco avait assuré à la commission que les deux éléments n’avaient aucun lien. 

En renonçant aux grands nettoyages estivaux des écoles le Conseil d’Etat espérait faire un million de francs d’économies. En comparaison d’un budget d’environ 10 milliards, c’est ce qui s’appelle des économies de bouts de chandelle. Le gouvernement a tenté de justifier son choix en prétextant des coûts de nettoyages des classes qui avaient augmenté en raison du Covid. Cette situation a suscité de vives réactions dans la population, de nombreuses personnes s’inquiétant de cette mesure d’économie au détriment de l’hygiène au sein des écoles.

Du côté des travailleuses et travailleurs du nettoyage, la décision du Conseil d’Etat a soulevé de nombreuses inquiétudes. Les syndicats craignaient que le manque à gagner pour les entreprises de nettoyage – car l’Etat de Genève sous-traite le nettoyage des bâtiments – entraîne des licenciements durant les mois d’été. Au point que les syndicats ont signé un communiqué de presse commun avec l’association patronale du nettoyage pour dénoncer cette décision prise sans concertation.

Il convient de souligner un élément troublant : l’introduction du salaire minimum engendrerait des dépenses supplémentaires en 2022, pour le nettoyage des bâtiments de l’Etat, qui s’élèvent à environ un million également. Une coïncidence troublante qui pourrait pousser certain∙e∙s à penser que le Conseil d’Etat a tenté de reprendre d’une main ce qu’il donnait – contraint par la loi – de l’autre.

Finalement, face aux nombreuses réactions, et alors que le Grand Conseil s’apprêtait à voter le jour même une résolution en urgence pour financer ces nettoyages, le Conseil d’Etat a fait marche arrière. Pour sauver la face, il a affirmé qu’un crédit supplémentaire de 7 millions en faveur de l’Office Cantonal des Bâtiments avait été voté la veille par la commission des finances, dont un million dévolu aux à-fonds. Pourtant, lors de la présentation de ce crédit supplémentaire, le Conseil d’Etat Serge Dal Busco avait affirmé devant la commission qu’il n’avait aucun lien avec la « polémique » des à-fonds. Le montant dévolu au nettoyage des bâtiments était précisément justifié par l’augmentation des salaires suite à l’entrée en vigueur du salaire minimum, ainsi qu’à l’accroissement des surfaces des bâtiments de l’Etat.

Au-delà des contorsions grotesques et malhonnêtes du Conseil d’Etat, il faut souligner le coût social de la privatisation du nettoyage des bâtiments de l’Etat. Si l’Etat a été contraint d’augmenter les dépenses en raison du salaire minimum, c’est parce que celles et ceux qui nettoyaient les bâtiments étaient payé∙e∙s moins que ce qui est désormais prévu par la loi.

Jean Burgermeister