Le parlement adoptait le 26 mars dernier la Résolution 953 adressée à l’Assemblée fédérale, intitulée : « Non aux renvois de requérants d’asile vers des pays où les droits humains sont bafoués; Proscrivons les renvois vers l’Ethiopie ». Le vendredi 21 mai, une majorité de Grand Conseil, sensible à la situation de danger dans laquelle son renvoi en Ethiopie a plongé M. Tilmo, votait une autre résolution demandant au Conseil d’Etat d’intervenir auprès des autorités fédérales afin qu’elles octroient à ce dernier un permis humanitaire.

Elaborée en étroite concertation avec la ligue suisse des droits de l’homme, section Genève, cette résolution rappelait que le 27 janvier dernier, Tahir Tilmo a fait l’objet d’un renvoi forcé en Ethiopie au mépris des risques que représentait cette expulsion dans son pays, où sa vie était menacée.

Elle signalait que Human Rights Watch et Amnesty International ont largement dénoncé le fait que l’Ethiopie était, sous le gouvernement du Front de de libération du Peuple du Tigré (FLPT), l’un des Etats les plus répressifs au monde sur le plan de la liberté d’expression et du respect des droits fondamentaux.

Cette résolution relate comment M. Tahir Tilmo a vu sa vie bouleversée, son intégrité physique et psychique menacées en raison de l’engagement politique de ses parents, décédés des suites de tortures endurées. Des violences, Des injustices qui ont conduit M. Tilmo à s’engager lui aussi pour lutter contre ce régime tyrannique.

Après avoir dû s’échapper et venir se réfugier en Suisse, M. Tilmo s’est vu refusé l’asile, au motifs que qu’il n’est pas parvenu à convaincre les autorités suisses des risques qu’il courrait en Ethiopie. Comme si celui-ci ne se devait pas de conserver une certaine réserve pour protéger d’autres personnes restées au pays. Ceci alors que l’accord de réadmission signé entre l’Ethiopie et l’UE, auquel la Suisse s’est jointe, prévoit une étroite collaboration avec les Services secrets Ethiopiens ; un fait qui conduit pour le moins à une certaine circonspection.

M. Tilmo a donc été expulsé par les autorités suisses, sans considération pour le fait que pour lui en Ethiopie le danger reste permanent. M Tahir Tilmo, est condamné depuis son retour à changer fréquemment de domicile pour échapper à la police qui le recherche. Son état de santé est sévèrement affecté par cette situation, mais surtout, il vit en situation constante de danger. Amnesty International est mobilisé sur ce dossier. La Ligue suisse des Droits de l’Homme – Genève a également alerté la Fédération Internationale des Droits humains à son propos.

M. Tilmo doit impérativement quitter l’Ethiopie. Il a tissé un large réseau d’ami.e.s en Suisse. Des ami.e.s qui sont disposé.e.s à assumer les frais de son vol de retour. Pour cela, il ne lui manque qu’une chose : un visa humanitaire.

L’objectif de cette résolution, renvoyée au Conseil d’Etat, est que celui-ci intervienne auprès des autorités fédérales pour qu’il délivre de toute urgence un visa humanitaire pour Monsieur Tahir Tilmo.

L’occasion de préserver l’intégrité de celui-ci n’a pas été saisie en janvier dernier. Notre état aurait dû protéger M. Tilmo. Il porte par conséquent une responsabilité dans la situation périlleuse à laquelle il est actuellement confronté. Mais, aujourd’hui il n’est pas encore trop tard pour sauver sa vie. Pour se faire une majorité du Grand conseil a accepté de renvoyer sans délai au Conseil d’Etat une résolution pour que celui-ci lui accorde un permis humanitaire. Mais ce vote n’aura sens que si le conseil d’Etat lui donne suite, C’est pourquoi nous devront être attentifs.ves à ce qu’il en soit ainsi.

Jocelyne Haller