Le régime turc a ouvert le procès de 108 personnes inculpées de solidarité avec la résistance kurde de la ville frontière syrienne de Kobané contre Daech, en 2014. Elles sont accusées (sans rire) de « tentative de coup d’État par le biais des réseaux sociaux ! ». Sur proposition d’EàG, reprise par la commission des droits humains, le Grand Conseil vient d’adopter une résolution intitulée « Soutenons les droits démocratiques du peuple kurde » par 51 voix contre 36.

On se souvient que la création d’un Kurdistan autonome au sud-est de l’Anatolie, après avoir été validée par le Traité de Sèvres (1920), avait été rejetée par le Traité de Lausanne (1923). Depuis lors, le peuple kurde subit la loi d’États où il est en minorité, avec une répression particulière en Turquie. Celle-ci a pris récemment des proportions effrayantes, sous le régime autoritaire et réactionnaire du président Erdogan.

De nombreux pays et peuples avaient applaudi les combattants kurdes, lorsqu’ils avaient réussi à empêcher la prise de la ville Kobané par Daech, en 2014. Pourtant, dès le lendemain, ils avaient été abandonnés à l’offensive de l’armée turque en Syrie et en Irak. En Turquie, les Kurdes et leurs élu-e-s locaux, régionaux et nationaux, notamment celles et ceux du Parti démocratique des peuples (HDP), qui compte 55 députés au parlement national, 50 élus de district, et trois maires de villes importantes, font ainsi face aujourd’hui à une répression impitoyable.

Le HDP ne défend pas seulement les droits fondamentaux des populations kurdes, mais aussi ceux des autres minorités ethniques et religieuses, des femmes, et des personnes LGBT en Turquie. Pour cela, des centaines de citoyen-nes et responsables politiques kurdes sont emprisonnés ; leurs organisations sont menacées d’interdiction et plusieurs centaines de personnes exposées à la privation de leurs droits politiques. Pourtant, la Turquie est toujours signataire de la Convention européenne des droits humains…

Notre conseillère nationale Stéfanie Prezioso a lancé tout récemment un appel européen et fait signer une lettre au Conseil fédéral, reprise par plusieurs dizaines d’éu·e·s aux Chambres, qui ont eu tous deux un écho important. Dans ce contexte, la résolution adoptée vendredi dernier par une large majorité du Grand Conseil genevois est arrivée à point nommé. Elle contient en effet quatre invites importantes au gouvernement genevois :

  • pour qu’il prenne position en faveur droits démocratiques du peuple kurde ;
  • pour qu’il œuvre en faveur de la libération de ses prisonniers politiques en Turquie ;
  • pour qu’il garantisse les droits des Kurdes de Genève d’exprimer leur solidarité envers leur peuple ;
  • pour qu’il interpelle le Conseil fédéral afin qu’il intervienne par la voie diplomatique auprès de l’État turc en faveur du respect des droits démocratiques du peuple kurde.

En adoptant cette résolution à une fort majorité, notre Grand Conseil a donné un signal fort à la centaine de milliers de Kurdes qui vivent en Suisse, dont une bonne partie sont devenus suisses et genevois. Ils-elles ne sont pas seuls face à la répression du régime autoritaire d’Erdogan !

Jean Batou