Le Conseil d’Etat genevois présentait ce matin son projet de budget 2023. Il demeure nettement insuffisant pour répondre aux besoins de la population, après plusieurs années de crises. Le gouvernement refuse encore une fois de payer l’annuité à la fonction publique et prévoit seulement une demi-indexation des salaires, un choix désastreux qui pourrait avoir des conséquences pour les salarié-e-s du privé aussi.

Le projet de budget 2023 ne répond pas aux besoins de la population, qui ont augmenté sous les effets combinés des crises successives (Covid, et inflation). Le creusement des inégalités sociales se poursuit, alors que les plus fortunés continuent à s’enrichir à une vitesse folle. Les chiffres des comptes 2021 ont révélé le fossé qui sépare une grande partie de la population de la minorité la plus riche, dont les fortunes ont poursuivi leur ascension ces dernières années. Pourtant le Conseil d’Etat ne prévoit rien pour y remédier. Le gouvernement semble n’avoir tiré aucune leçon de la crise du Covid. Aucun renforcement significatif de l’hôpital public n’est prévu. Pourtant, les travailleuses-eurs de la santé sont sortis lessivés de ces années de pandémie, et la prochaine crise sanitaire pourrait bien être causée par un manque de personnel.

Le Conseil d’État a également choisi de maintenir ses mesures d’économie sur le dos de la fonction publique. L’annuité ne devrait pas être versée en 2023 et le gouvernement ne propose qu’une indexation partielle des salaires. Ces deux mesures représentent une coupe de près de 135 millions dans les revenus des salarié-e-s du secteur public et subventionné ! Alors que l’indexation des salaires sera un enjeu central pour tous les salarié-e-s, le signal envoyé par l’État risque d’avoir des conséquences catastrophiques pour les travailleuses-eurs du privé aussi.

Le Conseil d’État justifie ces choix en prétextant un manque de moyens, puisqu’il prévoit près de 420 millions d’économie. Mais les différences abyssales constatées entre les budgets et les comptes ces dernières années encouragent à prendre ces chiffres avec des pincettes. Ainsi, en 2021, revenus ont été supérieurs de plus d’un milliard et demi par rapport aux prévisions de l’automne 2020, dont près d’un milliard de rentrées fiscales supplémentaires.

En 2020, l’Etat avait enregistré une augmentation de près 445 millions par rapport au budget, qui avait pourtant été élaboré avant la crise du Covid ! En 2019, les revenus ne dépassaient les estimations budgétaires « que » de 282 millions… Surtout, le Canton de Genève a largement les moyens de mener une autre politique. Cela passe naturellement par une imposition accrue des grosses fortunes et des bénéfices des grandes entreprises. Le Conseil d’État a beau jeu de constater un manque de moyen, alors qu’il vient de proposer le refus de l’initiative d’EàG pour l’abolition des privilèges fiscaux des gros actionnaires.


Jean Burgermeister