Contre l’avis d’EàG, le Grand Conseil a accepté un rapport de la Commission de contrôle de gestion, qui recommande une plus grande collaboration entre les HUG et l’Hôpital de la Tour en matière de chirurgie cardio-vasculaire. On ouvre la boîte de pandore !

En mai 2019, un député PDC alertait la commission de contrôle de gestion : des « informations insistantes » circulaient concernant de graves dysfonctionnements au service de chirurgie cardiovasculaire des HUG. Un audit de ce service avait déjà été demandé à l’interne des HUG. Le même jour, la CCG votait à l’unanimité la création d’une sous-commission chargée d’établir les faits. Sous-commission à une très forte majorité de droite : 1 MCG, 1 PLR, 1 PDC et un Vert.

La sous-commission est arrivé à la conclusion qu’il n’y avait pas de disfonctionnement, et qu’une série de problèmes étaient survenus sur des patients en 2016, mais que c’était une coïncidence, qui ne pouvait pas être mise en lien avec une quelconque baisse de qualité des soins.

Mais la sous-commission a identifié un autre problème : la baisse du nombre de cas de chirurgie cardio-vasculaire, qui découle de plusieurs évolutions : premièrement, la baisse générale du nombre d’interventions cardiaques lourdes ; deuxièmement, la montée en puissance de l’hôpital d’Annecy, qui opère désormais les personnes domiciliées en France voisine ; et troisièmement la création d’un service de chirurgie cardio-vasculaire à l’Hôpital de la Tour. Aujourd’hui, les HUG font environ 200 opérations de chirurgie cardio-vasculaire par année, ce qui est à la limite inférieure requise pour un hôpital universitaire de qualité. Le risque est grand que celui-ci ne puisse plus remplir les missions de soins, de recherche et de formation qui sont celles d’un hôpital universitaire public

Problème : la chirurgie cardio-vasculaire est extrêmement rémunératrice. Aujourd’hui, la clinique des Grangettes voudrait à son tour ouvrir un service, qui capterait encore plus de patients des HUG. Les conséquences seraient dramatique car la chirurgie cardio-vasculaire est nécessaire pour l’existence d’un service de soins intensifs, qui à son tour conditionne de nombreuses autres interventions chirurgicales moins importantes. C’est toute la filière des soins du secteur public qui pâtirait de la disparition de la chirurgie cardio-vasculaire aux HUG.

Plusieurs médecins entendus par la sous-commissions sont clairs : il faut un seul centre de chirurgie cardio-vasculaire à Genève. Un médecin chef de service indiquait : « il s’agit de se demander comment renforcer la CCV [chirurgie cardio-vasculaire] dans le cadre d’une planification cantonale. En outre, un centre dans le canton pourrait être suffisant. Il faudrait 5 chirurgiens cardiaques pour faire tourner 24h/24 et 7j/7 un centre comme les HUG, et qui permettrait de monter en puissance avec l’activité tout en poursuivant la mission de formation. Il sait que Les Grangettes prévoient d’ouvrir un service de chirurgie cardiaque, ce qu’il trouve assez ubuesque ».

La planification est indispensable dans se domaine, il n’est pas possible de s’en remettre aux lois du marché. On voit depuis plusieurs années les cliniques privées investir les domaines hautement rémunérateurs, et laisser au secteur public les domaines peu lucratifs. On l’a vu très clairement en 2020 à Genève avec les malades gravement atteints du COVID, qui ont tous été pris en charge aux HUG, causant des pertes financières importantes à notre hôpital public, alors que les cliniques privées pouvaient continuer à traiter les patients usuels, plus profitables.

Contre l’avis d’Ensemble à Gauche, le Grand Conseil a accepté le rapport de la Commission de contrôle de gestion, qui préconisait de favoriser le travail en commun avec l’hôpital de la Tour. Pour Ensemble à Gauche, au contraire, il doit exister une véritable planification hospitalière qui puisse déterminer qui fait quoi, y compris dans le secteur privé. L’Etat doit pouvoir refuser à des hôpitaux privés d’ouvrir de nouveaux centres qui mettent en danger la continuation des soins dans le secteru public. Par exemple, il ne doit exister qu’un seul centre de chirurgie cardio-vasculaire à Genève, aux HUG.