Dans un contexte d’interrogations et d’inquiétudes quant à l’avenir de l’animation socioculturelle dans notre canton et sur le devenir des activités placées sous la gouvernance de la FAS’e ; le Conseil d’Etat a pensé pouvoir régler en catimini une question aussi importante pour la qualité de vie et la cohésion sociale dans notre canton grâce au projet de loi 13044 transférant la responsabilité et la quasi intégralité de la charge financière aux communes. Or, non seulement ce projet de loi a fait l’unanimité contre lui, mais une motion du MCG est revenu mettre au centre des préoccupations la problématique du sens et de la fonction de l’animation socio-culturelle dans le cadre des politiques publiques. La motion soutenue par la quasi-totalité du parlement demande au Conseil d’Etat de rendre un rapport circonstancié sur l’avenir de la FAS’e et de l’évolution de la politique d’animation socioculturelle qu’il entend mettre en place. Une manière de recentrer le débat sur le contenu qui ne pourra plus être occultée !

La motion prend le contrepied du PL 13044 traitant du transfert de la FAS’e aux Communes. Un projet de loi mal aimé de tous – à juste titre – qui propose une approche uniquement financière au transfert d’un aspect de politique publique essentiel à la cohésion sociale et fait l’impasse sur la définition de quel socle d’animation socioculturelle l’Etat doit garantir sur l’entier du territoire pour répondre aux besoins de la population. Le projet de loi 13044, dans sa hâte de déléguer aux communes la gestion de la FAS’e – et soyons honnête : sa charge financière – se révèle, de fait, être un chèque en blanc. Le Département se donnant, en l’occurrence, 2 ans pour revenir à postériori sur la question du contenu. Une manière particulièrement téméraire de mettre la charrue avant les bœufs ; ou plutôt une manière de vendre le bœuf sans savoir ensuite comment tirer la charrue.

Cette motion, outre de rappeler cette préoccupation de l’avenir de la FAS’e qui taraude autant la Fédération des Centres de Loisir et de Rencontres (FCLR) que les comités des associations qui gèrent au quotidien les lieux d’animation socioculturelle et les professsionnel.les, entend rappeler que le futur de l’animation n’est pas qu’une question de financement ou de contrôle. Il s’agit avant tout d’une nécessité de définir un concept d’animation socioculturelle répondant aux besoins des diverses catégories de population, et partant de garantir que cette politique publique soit applicable sur l’ensemble du territoire cantonal et non au bon vouloir des communes.

Ce qui a prévalu dans le soutien à cette motion est aussi une certaine défiance à l’égard de la piste d’un regroupement communal pour gérer l’animation socioculturelle dans les communes. Un mode de faire qui institutionnalise et donne la part belle aux communes, et dans une moindre mesure au canon, mais qui exclue de ses instances la représentation de la FCLR et des professionnel.les. Une construction en totale discordance avec le principe même de l’animation socio culturelle qui repose en grande partie sur la participation des usager.ères et vise notamment à favoriser leur pouvoir d’agir.

Rappelons-le l’animation socioculturelle, outre de répondre concrètement aux besoins de rencontres et d’animation de la population dans toute sa diversité, permet également l’implication citoyenne des habitants dans la vie publique. Elle est un indéniable facteur d’intégration et un instrument de cohésion sociale. Ce pourquoi, il est primordial de soutenir les associations de bénévoles actives dans ce domaine plutôt que de les écarter au motif qu’elles présentent actuellement certaines fragilités. Ce n’est pas en les écartant qu’on les renforcera.

Aujourd’hui, le PL 13044, qui faisait l’unanimité contre lui, a été gelé. De notre point de vue, il aurait dû être retiré. De nouvelles négociations entre le Département de la cohésion sociale et l’association des communes genevoises (ACG) sont en cours. Il est donc indispensable de ne pas réitérer la même erreur : le sens doit être défini en priorité. Le contenu de la politique d’animation socioculturelle cantonale doit être déterminé en amont de toute velléité de transfert.

Une nécessité incontournable que les député.es, ont crédité par leur soutien à cette motion. Il nous incombe maintenant, en collaboration avec les acteurs de terrain de l’animation socioculturelle, de suivre de près la suite qui sera donnée au processus en cours.

Jocelyn Haller