La majorité des Chambres s’est mise d’accord sur le budget de la Confédération de 2021. Bien que les comptes devraient boucler sur un déficit de 6 milliards de francs, dû aux dépenses liées à la pandémie mais également à la mise en œuvre de nouveaux cadeaux fiscaux aux grandes entreprises (RFFA). Ce budget ne suffira pas à répondre à la crise économique et sanitaire et à l’urgence climatique. Et pourtant presque aucun pays au monde n’en a autant les moyens que la Suisse ne serait-ce qu’en rabotant le budget de l’armée (plus de 6 milliards de francs) et en allant chercher l’argent là où il est… dans les poches des privilégié-e-s !

Vulnérables et précaires oubliés
Les Chambres n’ont pas voulu d’un véritable plan de protection des salarié-e-s et des autres personnes sinistrées par la crise. En adoptant le projet du Conseil fédéral, qui aura surtout varié au gré de l’évolution des annonces récentes du gouvernement, les Chambres ont tacitement validé la politique du gouvernement qui peut se résumer en deux principaux axes : responsabiliser les individus face à la pandémie et préserver autant que possible l’économie. Rien ou trop peu pour les personnes vulnérables, qu’elles soient salarié-e-s, âgées ou précaires. Rien ou trop peu également pour les grandes victimes de la crise : salarié-e-s, petits indépendant-e-s, artisan-ne-s, artistes, précaires ou encore sans-papiers.

Des aides insuffisantes
Les aides publiques dans le cadre de la crise liée à la pandémie ne prennent absolument pas la mesure de la gravité de la situation. Les cas de rigueur, ces entreprises de secteurs comme la restauration, le tourisme ou les foires, devront se contenter de 1,9 milliard venant de la Confédération. Tous secteurs confondus, les crédits Covid totalisent 6,6 milliards de francs. 2,2 milliards sont prévus pour les allocations pour pertes de gains. La culture, grande oubliée de la crise, bénéficiera-t-elle d’un montant d’aide Covid qui souligne tout le mépris que la majorité des élu-e-s lui porte : 130 millions de francs… soit la moitié de l’aide apportée à l’entreprise Skyguide et une poussière à côté de l’aide dont a bénéficié l’ensemble du secteur aérien.

Prendre l’argent là où il est !
Plutôt que de les pousser à réfléchir à un véritable plan d’investissement dans les domaines de la santé publique, du logement social et l’isolation thermique des bâtiments, des transports en commun, des énergies alternatives, de la socialisation accrue des tâches d’éducation (petite enfance) et de soins (EMS), etc., les milliards débloqués pour affronter la crise Covid ont convaincu les parlementaires de renoncer à des dépenses supplémentaires dans d’autres domaines. Un raisonnement à l’envers du bon sens, tant les solutions prévoyant des dépenses de solidarité et de lutte contre la crise climatique sans impliquer des coupes dans des secteurs vitaux étaient possibles! On pense notamment à un relèvement du taux minimum d’imposition des bénéfices des entreprises, à la levée d’un impôt extraordinaire sur la fortune ou encore à une réorientation de la plus grande partie des dépenses militaires, aussi excessives qu’inutiles. Rien de tout cela au final. Ce sera à la grande majorité de la population, de payer l’addition de cette crise. Les plus riches, eux, restent totalement épargné-e-s. Pire, la crise leur a déjà permis de voir leurs fortunes exploser.

Ensemble à Gauche poursuivra sa lutte pour la justice sociale et climatique !