Le Grand Conseil n’a pas saisi l’occasion de se donner les moyens d’assurer le droit à l’alimentation. En réalité, il s’est satisfait de son vote de début juin 2020 qui donnait au Conseil d’État les moyens de faire face aux effets de la première vague de la pandémie. Il n’a pas pris en considération la 2ème vague qui sévit actuellement, dont l’acuïté laisse augurer de conséquences particulièrement préjudiciables tant sur le plan humain qu’économique et social. Le Grand Conseil n’a pas tiré d’enseignement de la première offensive du virus. Il s’est, en matière de couverture du droit à alimentation, là aussi mal préparé.

Le projet de loi 12710 a été déposé très rapidement lors de la première vaque de la pandémie due à la Covid 19 lorsque le scandale des files d’attentes de la honte est venu secouer l’image d’une Genève « prospère et bienveillante » envers sa population. Tétanisé par cette situation inédite, le Grand Conseil a voté une série de mesures d’aide et de soutien aux entreprises et dans une moindre mesure à la population. Il a notamment accepté la problématique de fond posée par le projet de loi 12710, mais a transformé ce dernier pour satisfaire aux normes budgétaires et mieux cerner l’aide qu’il voulait bien allouer. C’est ainsi que le projet de loi 12710, prônant une aide annuelle de 4 millions pour assurer le droit à l’alimentation, a donné lieu au projet de loi 12725 qui accordait une subvention unique de 5 millions à la fondation Partage pour répondre aux besoins alimentaires des personnes fragilisées par la crise de la Covid19

Une bonne chose, il est vrai, si ce n’est que le PL 12725 ne donne qu’une réponse ponctuelle à la question du droit à l’alimentation, cantonnant cette dernière à la première vague de la crise sanitaire de la Covid 19 et ne posant de surcroît la question de cette problématique que sous l’angle de la distribution de denrées de première nécessité. Il n’inscrit rien dans la durée. Il n’ancre aucune obligation de l’Etat de prévoir les moyens de couvrir une crise alimentaire et de garantir à chaque homme, chaque femme et chaque enfant la couverture de son droit légitime à l’alimentation.

La deuxième vague de la crise de la Covid 19, nous démontre que les dispositions ponctuelles ne suffisent pas. Il nous faut désormais prévoir les moyens de faire face en tous temps à ce type de crise et à leurs effets de démultiplication. Il faut surtout garantir à chacun les moyens de subvenir à ses besoins et à ceux de ses proches.

Alors oui, en juin dernier le PL 12710 a remplacé par été le PL 12725 pour des questions formelles, l’actualité nous enseigne que ce dernier ne suffit pas pour affronter la crise actuelle et qu’il nous faut consacrer le droit à l’alimentation et le rendre effectif. Le droit à alimentation n’est qu’un des aspects des besoins de la population, mais il en est un des piliers essentiels. C’est un droit fondamental. L’Etat ne peut esquiver son devoir de l’assurer.