La droite s’est à nouveau attaquée aux conditions de travail dans le domaine de la vente. En première ligne tout au long de la pandémie, les vendeurs-euses sont désormais sommés de payer la crise en sacrifiant leurs conditions de travail. Un projet de loi visant à prolonger l’ouverture des magasins le samedi jusqu’à 19h et permettant l’ouverture des commerces trois dimanches par an a été accepté par le Grand Conseil par 56 voix contre 41. Ensemble à Gauche lancera un référendum avec les forces de gauche et syndicales qui le souhaitent afin de défendre les conditions de travail du personnel mais aussi d’exprimer un refus plus global du projet de faire payer la crise aux travailleurs-euses !

En pleine crise économique et sociale, c’est une nouvelle étape dans une offensive globale de dérégulation des conditions de travail des vendeurs-euses. Alors que le personnel de la vente s’est retrouvé en première ligne tout au long de la pandémie, alors que les grandes enseignes lui ont interdit au début du confinement de porter des masques de protection afin de ne pas « faire peur aux client-e-s », alors que les travailleurs-euses vulnérables ont dû choisir entre travailler et risquer leur vie ou perdre leur emploi, le Conseil d’Etat soutenu par une droite ingrate a voté ce soir une nouvelle dégradation de leurs conditions de travail.

Le samedi comme coup de massue
L’augmentation d’une heure des horaires des magasins le samedi est réellement un coup dur pour le personnel. Tout le monde le sait, le samedi est une journée très chargée et très difficile pour le personnel de la vente. L’intensité du travail est grande et la prolongation d’une heure de la journée de travail est un véritable fardeau. Là encore, la conciliation vie privée et vie professionnelle est attaquée avec cette prolongation du samedi. Alors que 60% du personnel est représenté par des femmes, qui ont à charge des doubles journées, cette modification légale fera à nouveau payer l’addition aux femmes ! Mais le coup le plus dur est sans doute que le personnel avait justement pour revendication de pouvoir plus facilement avoir des samedis de congé. Actuellement, il est quasiment impossible d’obtenir un congé un samedi puisque c’est la journée la plus chargée. Le personnel a été ignoré et le Conseil d’Etat a décidé de l’attaquer frontalement.

Non à la destruction des petits commerces au profit des gros
Les propriétaires de petits commerces peuvent déjà ouvrir le dimanche sous certaines conditions. C’est pour eux un (petit) avantage dans la lutte pour survivre face aux grosses enseignes. Avec cette loi, le nombre de commerces pouvant ouvrir le samedi soir et le dimanche va exploser, ce qui accélérera la destruction des petites enseignes, rayant ainsi de nombreux emplois ! Alors que la droite prétend que cette extension des heures d’ouverture des magasins découragera les habitant-e-s du canton de se rendre en France pour faire les courses en permettant de conserver des consommateurs-trices à Genève, c’est en réalité les petits commerces genevois que la droite va achever. Si l’on veut lutter contre le tourisme d’achat, c’est en luttant contre la précarité à Genève que l’on y parviendra, pas en dérégulant les conditions de travail du personnel de la vente !

Non au consumérisme et au sacrifice des dimanches
Les magasins ouvrent déjà plus de 67 heures par semaine ! Sans horaires et jours de congés fixes, sans plannings fournis 3 semaines à l’avance, l’organisation de la vie du personnel de vente est déjà un casse-tête.De plus, le dimanche est le seul jour de la semaine où la plupart des gens peuvent se retrouver entre amis et en famille. Garantir au maximum de personnes un jour de congé en commun est un élément important de la cohésion sociale. Or aujourd’hui, on ne compte pas moins de 20 000 personnes travaillant dans la vente à Genève ! Refuser l’extension des heures d’ouverture des magasins, c’est aussi lutter contre le consumérisme à tout va et la destruction de l’environnement.

Avec la crise qui va se creuser, la majorité de droite va multiplier les offensives pour faire payer l’addition aux travailleurs-euses. Le référendum contre ce projet de loi est donc nécessaire et indispensable pour défendre les conditions de travail des vendeurs-euses, mais aussi pour freiner les velléités de la droite. Ensemble nous sommes forts !

Pablo Cruchon