Le financement public de la presse peut interroger, mais le ferait-il moins que la concentration en des mains privées des principaux instruments de formation de l’opinion ? Les signataires de cette motion ne le pensent pas. La question de l’indépendance de la presse se pose en effet quels qu’en soient les modes de financement ou les mains qui la détiennent. C’est une question de déontologie et de principe dont l’État devrait être garant.

La problématique de la survie de la pluralité et de la diversité de la presse est devenue un enjeu majeur. Elle a particulièrement été mise à mal ces dernières années. Divers facteurs sont à l’origine de cet appauvrissement des médias: changement des habitudes des lecteurs·trices avec le développement de la presse en ligne, financement par la publicité massivement captée par cette dernière et les réseaux sociaux, concentration des titres aux mains de quelques grands groupes, contraction des rédactions à Lausanne ou à Zurich, licenciements massifs, etc. Et cela c’était encore avant la crise du Covid 19 et son impact sur les activités et le financement de la presse.

Très souvent, les débats au Grand Conseil se sont conclus pas des déclarations de soutien aux médias en péril, mais ils n’ont pas été assortis de propositions concrètes, au-delà des quelques mesures prises au niveau fédéral. La pluralité de la presse reste en danger.

Le métier de journaliste est également en péril, à l’heure où chacun croit produire de l’information alors qu’il ne fait qu’exprimer sa propre opinion sur les réseaux sociaux. Il faut donc également lutter contre une forme de déprofessionnalisation de l’activité journalistique. Dans la jungle des médias et des recherches d’audiences à tous prix, il faut absolument préserver le journalisme d’investigation et la pluralité de la presse

C’est ce que vise la motion 2513. C’est pourquoi, en vertu du droit à une information « suffisante et pluraliste » défini à l’art. 24 al. 4 de la constitution genevoise, elle invite le Conseil d’Etat à soutenir la diversité de la presse en proposant un financement par contrat de prestations de l’information citoyenne, locale et régionale dans la presse écrite diffusée sur le canton de Genève.

La formation de la libre opinion est une principe inscrit dans notre constitution, c’est un droit élémentaire que l’Etat doit garantir à la population. La nécessité d’avoir accès à l’information répond à une besoin essentiel d’ouverture et de compréhension du monde qui nous entoure et des évènements qui le traversent.

Visiblement, c’était trop demander à la majorité de droite qui a préféré renvoyer cette motion en commission. A suivre…

Jocelyne Haller