Le Conseil d’Etat feint de s’inquiéter de l’augmentation du pourcentage des absences de son personnel. En réalité, il ne tient aucun compte des besoins de ce dernier et applique les mêmes recettes vaines sans tirer le moindre enseignement des échecs patents en la matière, au fil des nombreuses et régulières tentatives (commissions, groupes de pilotage, etc.) pour traiter cette problématique. Pire, il s’ingénie à multiplier les menaces à l’encontre de la fonction publique.

Traiter l’absence est une chose, la prévenir est plus intéressant. Or, pour l’instant, l’Etat-employeur se contente de créer un énième pseudo plan d’action en alignant des évidences ou des constats qui n’ont rien de nouveau. Non sans cynisme, le gouvernement entend trouver des moyens pour engager une pléthore de spécialistes qui vont se pencher sur le « malade ». Si renforcer le service de santé du personnel de l’Etat avec notamment des postes de médecins du travail est attendu et souhaitable, c’est avant tout la politique à l’égard du personnel qui doit être en phase avec l’objectif, pour autant qu’il y ait une vraie volonté de veiller au bien-être du personnel et par là diminuer ses absences. Mais avec les discours de soi-disant bienveillance et empreints de préceptes délétères issus du new public management, c’est le contraire qu’on observe. Car, la réponse est souvent la même.

Hors les RH et la hiérarchie, point de salut ?

Les absences augmentent ? Eh bien, c’est normal, car les ressources humaines (RH) et la hiérarchie sont débordées, c’est bien connu, et n’ont pas les moyens de s’occuper des employées et employés. Alors on met – parce qu’on écoute bien entendu les RH et les supérieurs qui se plaignent – toujours davantage de postes de ressources humaines, davantage de postes hiérarchiques, qui vont traiter toujours davantage de situations d’absence, qui, de fait, perdurent et continueront à augmenter, etc. Car, et là aussi c’est toujours la même inconséquence, une fois qu’on a réussi à identifier la cause d’une absence et qu’on pourrait aménager le retour au travail de la personne, et aussi prévenir d’autres cas similaires, eh bien rien ne se passe car, comprenez-vous, les moyens manquent, désolé, c’est la faute à pas de chance, à la droite, à la gauche, au centre, aux budgets de misère… Les RH et la hiérarchie ont ainsi appliqué la marche à suivre et sont couverts. Toutefois le personnel, lui, ne voit aucune réponse à ses besoins. Cela fait des lustres que cette comédie se joue.

Prendre soin du personnel en le menaçant ?

Mais où l’hypocrisie du Conseil d’Etat devient insupportable, c’est quand il prétend se préoccuper de la santé de son personnel alors que dans le même temps, et c’est particulièrement violent en ce moment, il multiplie contre lui ses attaques. Vouloir faciliter les licenciements, refuser l’augmentation annuelle des salaires, ne pas octroyer l’indexation des traitements en tenant compte de l’indice genevois des prix à la consommation, etc. En accumulant les menaces sur la tête du personnel, il est évident que la situation ne va pas s’améliorer. Ce dont ont besoin les employées et employés, c’est d’un vrai soutien, un respect de leur personne, qui se traduit d’abord par une diminution de la charge de travail, des horaires moins astreignants, une réduction des tâches administratives, une augmentation des postes de terrain, des ressources supplémentaires pour délivrer les prestations directes aux usagères et usagers, et, globalement, de conditions de travail acceptables, où les mécanismes salariaux légaux sont notamment respectés. On en est loin.

Olivier Baud